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Tlemcen: Sale temps pour les agrumes

par Khaled Boumediene

La chaleur et les maladies ont porté un mauvais coup à la production d'agrumes dans la wilaya de Tlemcen, principalement dans les localités de Hennaya, Fehoul, Remchi, Maghnia, Bensekrane et Ain Youcef, réputées pour ce genre de fruits très prisés.

Selon nos informations, la majorité des producteurs de ces communes risquent des pertes cette année car leur production habituelle pourrait diminuer de 50% alors que pour d'autres les quantités d'oranges à récolter dans leurs champs ne dépasseront guère les 20% ou 30%. Les agrumiculteurs expliquent cette chute inquiétante de la production d'agrumes par plusieurs facteurs notamment l'ensoleillement intensif, le problème de maturation des fruits et certaines maladies dues aux virus et champignons, qui se sont propagés dans les vergers. « La saison a été caractérisée par des températures en hausse et l'apparition de siroccos à plusieurs reprises durant les mois de mai, juillet et août de l'année écoulée à l'heure de la floraison et du développement des bourgeons et des fruits. Des quantités significatives de fruits sont tombées dans nos champs, ce qui a engendré des pertes considérables», se lamente Sid-Ahmed, un agrumiculteur de la commune de Hennaya, qui pourrait perdre plus de 70% de sa production d'oranges.

Un autre agriculteur de Fehoul souligne que «les agriculteurs ne bénéficient pas assez de la hausse des prix, seuls les intermédiaires qui contrôlent le marché en profitent sur le dos des consommateurs et des producteurs qui perdent beaucoup d'argent et de temps pour irriguer et traiter leurs champs. On ne bénéficie pas également d'une vraie assistance technique, pour le traitement des arbres et faire face aux maladies qui ravagent nos champs, aux aléas climatiques, la propagation des épidémies et aux ravageurs et champignons, qui attaquent les feuilles, les branches et les fruits ».

Contacté sur cette situation inquiétante qui prévaut chez les agrumiculteurs de ces communes, l'expert en production végétale, Mohamed Taalbi, estime que « la maladie anthracnose est derrière le ravage des champs d'oranges notamment les variétés Thomson. La chute de production des agrumes s'explique par deux maladies : le virus et le champignon. Ce phénomène a été observé il y a 4 ans. Le virus se propage vite et détruit les tiges, les feuilles et les fruits et affaiblit l'arbre. Il provoque la mort de l'arbre et ses symptômes apparaissent sur les branches. A cet égard, l'organisation pour l'alimentation et l'agriculture a alerté les pays du bassin méditerranéen, pour adopter des mesures en vue d'éradiquer, arracher et détruire les organes végétaux atteints par ce virus. Ainsi, des agents des services agricoles ont été formés pour accompagner des agriculteurs et lancer des actions d'identification de la maladie et la destruction des organes souterrains et aériens, tels les greffons et porte greffes. Des mesures ont été également appliquées sur le terrain, pour la replantation de matériels végétaux sains et lancer des campagnes de sensibilisation et d'information, pour la stérilisation des outils de taille et de greffage ».

Par ailleurs, cet ancien inspecteur de la production végétale et professeur d'Université de Mostaganem, conseille les agriculteurs à éviter les variétés et les portes greffes non conformes et qui sont appliquées par ignorance dans leurs vergers. Selon lui, il faudrait recourir à des pépiniéristes agréés et sérieux disposant d'un parc de matériel végétal. D'autre part, il souhaite le renforcement du programme de lutte contre les maladies qui tuent l'oranger et préconise le recours à des variétés qui résistent à la tristesse (tristeza) de l'arbre. «Seuls des journées de vulgarisation et l'assistance technique par des personnels chevronnés pourront réduire les effets néfastes relevés actuellement», conclut-il.