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Un racisme «innommé»

par Belkacem Ahcène-Djaballah

Fatigué ? Un verre dans le nez ? Problèmes personnels ? On ne peut pas dire que le président de la Fédération française de football, Noël Le Graet n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, laissant sa «haine» (?) de Zinedine Zidane (et, peut-être de Benzema et peut-être de tout ce qui est «arabe» peu ou prou. A quand le tour de Mbappé, la mère étant algérienne ?), se déverser sur les ondes d'un radio française.

On se souvient des propos du sénateur José Gonzalès, pied-noir d'origine oranaise et au nom pas gaulois du tout, présidant la rentrée parlementaire, en juin 2022 - (il est député Rn), tressant des lauriers à la colonisation et indirectement à l'Oas et devenant, tout récemment, comble de la provocation, vice-président du «groupe d'amitié France-Algérie» au niveau de l'Assemblée nationale (il y a 3 députés Rn dans ce groupe) !

Pour ratisser large, on a eu, après Zemmour et Messiah, les bien-nommés, Michel Onfray et surtout l'écrivain Michel Houallebecq. Ils sont tombés à bras raccourcis sur les musulmans de France obligeant l'Union des mosquées de France à déposer une plainte pour «injure publique et provocation à la discrimination raciale et religieuse», ce qui a déplu aux «toutologues» de CNews, entre autres, s'insurgeant contre ce qu'ils considéraient comme une «atteinte à la liberté d'expression».

Tout dernièrement on a eu Xavier Driencourt, un ex-ambassadeur (en Algérie) assez rancunier, diplomate ayant raté sa fin de carrière, chercheur de médiatisation afin de se recycler dans la «toutologie» et l'«expertise» (?), déversant sa bile anti-algérienne dans les colonnes du Figaro et ce, juste après que le même journal ait publié un long entretien avec le Président Tebboune. De quoi s'interroger sur le timing !

Enfin, cerise sur le (mauvais ) gâteau hexagonal, c'est au tour du président français qui, après avoir nié, en octobre 2021, l'existence d'une nation algérienne avant 1830, l'an du début de la colonisation française de l'Algérie, s'épanche (dans le journal Le Point, interviewé par Kamel Daoud) sur les relations algéro-françaises et qui clame (après avoir demandé pardon aux harkis, mais cela ne nous regarde pas ) son refus catégorique de demander pardon pour les crimes colonialistes en Algérie. Une «sortie», à mon avis, qui n'est ni opportune ni nécessaire d'autant que des groupes doivent, actuellement, travailler, ici et là, séparément et/ou ensemble, sur l'histoire de la colonisation.

Tout cela dit sans parler de l'évocation, sans aucune précaution, quasi-automatique de «l'Algérie» ou de «l'Algérien» par une bonne partie de la presse française, chaque fois qu'il y a un événement grave (attentat, meurtre, vol...) sur le territoire français ou qu'un hurluberlu dérape. Une obsession ! De ce fait, il est devenu commun pour tout étranger arrêté sans papiers de se faire passer pour un Algérien, ce qui facilite toutes les manipulations. Décidemment, avec la France et surtout avec certains français (de souche ou se prétendant tels dont les «nostalgériques» qui n'ont pas encore digéré la perte de l'Empire colonial et qui digèrent encore moins les reculs de leur pays en Afrique) on n?a pas fini de «ch...» et d'être sciemment provoqués. Un véritable chantage ! Dans quel but ? Le conflit ukraino-russe, avec ses retombées économiques et financières sur les flux commerciaux (tout particulièrement les hydrocarbures) n'a fait qu'exacerber la haine et les campagnes anti-algériennes fielleuses (sauf durant les campagnes électorales tenant compte du poids de la Diaspora d'origine algérienne). Une haine dont les feux sont certainement attisés par pas mal de lobbies financés ou proches de ceux qui «ne nous veulent pas du bien». Il est vrai que nous ne sommes pas un peuple facile à gérer ! Il est vrai aussi qu'il nous (vieux et jeunes) est difficile de faire table rase du «génocide colonial» cette «blessure collective que n'éteindra pas la succession des générations». A chacun sa «Shoah» ou son Holocauste !



Ps : En ce qui concerne l'Histoire, je présente deux citations qui me paraissent assez significatives de ma position.

- «Nous ne demandons pas que la France s'excuse : nous avons combattu et gagné. Nous ne sommes pas frustrés» (Redha Malek, «L'empreinte des jours». Essai Casbah Editions, 2013)

-«On ne veut pas de ces aveux (de la France), ni d'une quelconque repentance, ni d'excuses, ni de quoi que ce soit. Que chacun dorlote sa mémoire à sa guise ! Il est impossible de réconcilier les mémoires. Il ne faut pas se leurrer. Les blessures sont algériennes, elles le resteront (Youcef Merahi, journaliste et écrivain. Chronique Le Soir d'Algérie, mercredi 27 janvier 2021).