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La tentation du pouvoir

par Abdelkrim Zerzouri

Les coups d'Etat en Afrique, on n'a pas fini d'en entendre parler. Le dernier en date, déjoué, a eu lieu dans la nuit de jeudi 24 à vendredi 25 novembre à Sao Tomé et Principe. Un pays présenté, pourtant, comme un modèle de la démocratie parlementaire. Cette tentative de coup d'Etat a été immédiatement condamnée par le président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Cette organisation intergouvernementale se trouve confrontée à ce fléau, devenu son principal souci, alors que sa mission devrait se consacrer au développement économique et l'amélioration des conditions de vie, souvent lamentables, des populations de ses pays membres. Pour ne rappeler que la récente période, la région sahélienne a vécu quatre coups d'Etat, au Burkina Faso, au Tchad et au Mali (à deux reprises). La CEDEAO a vainement tenté des retours à la légalité dans ces pays. Les meneurs des coups d'Etat ne semblent entendre que la voix qui les a poussés à renverser les régimes en place. Et, on n'a pas trouvé mieux que d'engager des négociations avec les chefs d'Etat autoproclamés pour un retour à la légalité, en donnant la parole au peuple à travers l'organisation d'élections présidentielles. Nullement impressionnés par les sanctions économiques et leur exclusion de l'organisation intergouvernementale des pays ouest-africains, les concernés imposent leur propre agenda pour ce qui est de l'organisation des élections. Les pays concernés considèrent toute condamnation du coup d'Etat comme une ingérence dans leurs affaires intérieures.

Ainsi, même l'Union africaine et l'ONU n'ont rien pu faire contre. D'où la multiplication des coups d'Etat. N'est-il pas une priorité africaine de régler ce problème endémique des coups d'Etat ? Pour cela, il faudrait que les pays africains, dans leur ensemble, croient réellement en la démocratie. Sinon, la prise de pouvoir par la force en Afrique, on n'a pas fini d'en entendre parler.