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Foot pro: le grand gaspi

par Ahcene-Djaballah Belkacem

Tout dernièrement, à l'écoute d'une station de radio nationale, j'ai entendu les journalistes spécialistes commentant des rencontres de football (professionnel) s'indigner devant la faiblesse du jeu présenté par une équipe qui, pourtant, recevait à domicile. Une lourde défaite, ce qui est devenu une habitude la condamnant, déjà dès ces premières journées du championnat, à la relégation en division inférieure, un niveau qu'elle, selon les commentateurs, n'aurait jamais dû quitter.

Ce qui est encore plus navrant et cela n'est pas circonscrit à cette seule équipe mais à bien d'autres, c'est bien la faiblesse du jeu et de l'engagement qui ne peut que «fausser» le déroulement du championnat. Bien sûr, il ne s'agit pas, pour nous, de diminuer les efforts fournis par les uns et les autres pour faire partie de l'élite, mais de dénoncer les obstacles au progrès réel, porteur d'avancées et de victoires concrètes, en Algérie et à l'étranger, dans le domaine des sports surtout ceux collectifs, les sports individuels qui travaillent avec une autre philosophie, s'en sortant sans trop de dégâts, donnant ainsi tous ces derniers temps énormément de satisfactions.

Le nœud de la problématique, à mon sens, et cela a été mille et une fois répété par mille et un journalistes, c'est ce chantage insidieux exercé par certains (clubs, fédération, etc.) sur l'Etat pour que celui-ci intervienne, généralement en espèces bien sonnantes et trébuchantes, pour «sauver les meubles». Des meubles auparavant très mal gérés, mal entretenus, sous-exploités, mal exploités, bien qu'ayant fait la fortune de certains.

Comme d'habitude on nous ressort, à chaque crise ou creux de la vague (et, hélas, il y a en pas mal), la même antienne, celle de l'«apport historique», celle des «exploits passés», celle des «bénéfices diplomatiques», celle de la «demande populaire» (les bénéfices politiques ayant été bien exploitées durant les années 2000) pour demander l'aide financière de l'Etat, par autorités locales et régionales et entreprises publiques interposées.

Une habitude qui, répétée, a causé bien des dégâts: matériels, avec des infrastructures rapidement dégradées et devant être remises à niveau presque à chaque début de saison. Moraux, avec un «compter sur soi», sur ses efforts propres, sur le soutien sans faille (dont celui financier) des supporters, définitivement mis de côté. Financiers, avec une participation étatique de plus en plus grosse et de plus en plus coûteuse avec une flambée des salaires versés à certains joueurs et souvent à des entraîneurs étrangers qui, hélas, tant les résultats sont décevants, ne durent pas (alors que les cotisations sociales ne sont pas totalement ou pas du tout versées), des dettes contractées faramineuses, des procès en cascade dus à une mauvaise rédaction et/ou lecture des contrats (pour irrespect de clauses contractuelles) et moult condamnations, par la FIFA, pour salaires impayés.

Il est temps pour l'Etat de se ressaisir et, tout en continuant de financer les infrastructures de base, tout ce qui relève des très grandes compétitions internationales (concernant les équipes nationales et aussi les champions internationalement consacrés), la formation des jeunes au niveau des écoles et des établissements scolaires et universitaires, le sport amateur de siffler la fin de la partie et de faire rigoureusement respecter, et sans interférence, quelles que soient les pressions des foules ou des lobbies, les règles liées à la gestion des clubs. Dans les secteurs de l'économie et de l'industrie, et même de la culture, bien des cadres ont été sévèrement sanctionnés pour leurs «fautes» de gestion parfois pas si catastrophiques. Le foot doit-il être l'exception ?