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L'Algérie
se dirige-t-elle vers une abolition définitive de la peine de mort ? Avec de
solides arguments qui s'entrechoquent, le débat public anime une bonne partie
de la société algérienne entre abolitionnistes et partisans de la peine
capitale. Son rétablissement est réclamé par une partie des Algériens, depuis
que le pays a décidé d'observer un moratoire sur son application effective
depuis presque trente ans. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a défendu le «choix» de l'Algérie de
suspendre l'application de la peine de mort devant les membres du Conseil de la
Nation. «La polémique suscitée, au niveau international, sur l'utilité de la
peine capitale dans la lutte contre la criminalité s'est dissipée ces dernières
années après le rejet par plusieurs pays de cette peine, étant une atteinte aux
droits de l'homme», a plaidé Abderrachid Tabi. Selon
ce dernier, l'Algérie a opté pour une «solution intermédiaire, à travers une
décision politique pour la suspension de l'application de la peine de mort
depuis 1993, tout en limitant cette peine à certains crimes dans le cadre de
ses engagements internationaux».
Présentant le quatrième rapport de l'Algérie au titre de l'Examen périodique universel (EPU) lors de la session du Groupe de travail intergouvernemental du Conseil des droits de l'homme, tenue la semaine dernière à Genève, Tabi a souligné «l'engagement ferme de l'Etat algérien à œuvrer au renforcement et à la protection des droits de l'homme en Algérie et dans le monde, y compris au profit des peuples colonisés». Une seule condamnation à mort a été recensée en 2020 contre neuf en 2021, selon Amnesty International qui appelle les autorités algériennes à abolir ce «châtiment cruel, injuste, inefficace et discriminatoire». Il est vrai que l'Algérie prône l'abolition de la peine de mort au niveau international mais ne s'engage pas à sa suppression pure et simple au niveau national. Le débat est loin d'être clos, surtout avec la recrudescence de toutes les formes de violence et de crimes de sang. Les féminicides, parricides et autres kidnappings et assassinats d'enfants sont en augmentation dans une société comme formatée par une sorte de banalisation du crime. Le rôle central de la religion dans ce débat public n'aide pas à une réflexion dépassionnée sur un sujet de société par excellence. L'intrusion envahissante du Net et la menace protéiforme des réseaux sociaux et la violence virtuelle qu'ils véhiculent, nourrit un sentiment de peur et de panique chez la population. |
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