Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

COP 27, réchauffement climatique et dégénérescence

par Abdou BENABBOU

Plus de 100 pays se réunissent depuis hier à Charm El-Cheikh en Egypte pour affirmer encore une fois leur volonté de faire front contre le réchauffement climatique. D'aucuns s'interrogent sur l'utilité d'un tel regroupement mondial et se demandent si en définitive la large floraison des palabres et des intentions, certaines proférées du bout des lèvres, seront opérantes et concrétisées. Les nombreuses contradictions et les multiples paradoxes semés par le dérèglement climatique sont si prégnants qu'il est manifeste que les rassemblements mondiaux du genre ont peu de chance d'aboutir à des résultats positifs concrets et il est patent que les volontés émises en leur sein sont destinées à l'inopérant.

La donnée humaine est au cœur du problème. L'énorme difficulté à affronter le climat aujourd'hui réside dans l'exigence de se passer des outils et des ingrédients importants, instruments de progrès et de civilisation qui ont nécessité à l'homme des siècles d'efforts, de recherches et de créations pour que l'illusion de la liberté soit élargie. La découverte de l'électricité et le voyage aisé adopté depuis plus de deux siècles et autorisé par la maîtrise de nouvelles énergies a imposé une culture mondiale dont il est impossible de se passer. Ce sont cette liberté et cette aisance de vie solidement ancrées qui rendent les sociétés allergiques sinon incapables d'entamer un retour aux temps anciens.

Dans les ères sereines d'hier, on s'est échiné à trouver une gloriole à dépasser la vitesse du son pour qu'on intime aujourd'hui l'ordre de ralentir la cadence. On a été comblé hier encore par l'utilisation de produits pesticides capables d'aider à la nourriture du monde puis on se rend compte maintenant que leurs effets sont dégénérescents.

Réduire la lumière en économisant l'électricité apparaît comme un non-sens dans la civilisation maintenant et se fâcher avec le gaz pour le remplacer par le charbon pour se chauffer est dans les esprits une forme de décadence et perçu comme une plaisanterie.

La COP 27 remet sur la table une nouvelle fois l'obligation d'accompagner financièrement les pays pauvres pour lutter contre les aléas du climat. On ignore que la charité bien ordonnée commence par soi-même et que les Etats sollicités sont eux aussi sujets à des désagrégements sociaux mettant en péril leur propre existence.