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De la voiture bicéphale

par Abdou BENABBOU

La décision relative à l'importation de véhicules de moins de trois ans s'est finalement concrétisée. Cependant, il reste encore à définir les modalités d'achat et d'acquisition pour répondre à une doléance insistante d'une partie des automobilistes demandeurs, la plupart étant certains que l'opération ne sera qu'un jeu d'enfants.

Mais aussi forte que soit cette doléance, ramener des automobiles d'occasion de l'étranger intervient à un moment où la saturation du parc des véhicules algérien est d'une évidence criarde avec les nombreux impondérables qui la caractérise aujourd'hui. Le premier accroc réside dans l'inéquation entre l'envahissement déjà présent des véhicules et un actuel réseau routier urbain qui n'a pas suivi. Le deuxième, sans doute le plus important, sera la nécessité de s'adapter au nouveau visage que prend forme le monde de l'automobile en permanente évolution et qui aujourd'hui est en passe de connaître une véritable révolution.

Sans s'appesantir sur les questions des coûts à l'importation et sur la problématique douanière avec sa contrainte présagée et les lourds exercices administratifs attendus car il est une autre plus importante préoccupation qui s'inscrira dans le temps.

Soucis énergétiques obligent et le cap mis sur la lutte contre la pollution, la voiture électrique occupe peu à peu le terrain et les constructeurs commencent à tourner le dos au véhicule classique. La configuration ancienne de l'automobile n'a pas de beaux jours devant elle et sa disparition prochaine entraînera la mort de nombreuses de ses pièces détachées.

Il semble que les autorités algériennes aient pris les devants en encourageant l'importation de véhicules bicéphales par le biais d'exonérations fiscales douanières. Mais tout le reste doit suivre, notamment le secteur des pièces détachées et de la mise à jour de la compétence des mécaniciens. Il n'est pas certain que ce suivi soit conséquent et pourra s'adapter à la nouvelle reconfiguration mondiale de l'automobile.

Il est à craindre que les opportunistes de tout acabit trouvent en cette nouvelle ouverture un terrain propice pour semer un maléfice dont le pays, ayant fort à faire ailleurs, n'a absolument pas besoin.