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La pomme de terre victime de la pluie

par Abdou BENABBOU

Le prix de la pomme de terre a atteint ces dernières heures 120 dinars le kilo. Des initiés au fait du marché expliquent cette nouvelle flambée par la chute des pluies. Bien qu'elle soit réelle, l'explication est une bien mauvaise plaisanterie. Quand il pleut, la cueillette de ce légume indispensable pour les familles est impossible à effectuer ! Pourtant les derniers orages n'ont pas coupé les routes. Dans de nombreux pays, il pleut toute l'année et ce n'est pas pour autant que la pomme de terre joue au yo-yo. On ignore à quoi est due cette impossibilité, si ce n'est que les cueilleurs auraient une allergie à mettre leurs pieds dans la gadoue et lésinent à salir leurs mains. C'est là une des caractéristiques d'un esprit retors chez une partie des Algériens qui n'ont pas connaissance des effets négatifs de leur indolence à la limite du crime économique.

Des exemples du genre ne manquent pas et certains n'arrivent pas à comprendre qu'en perturbant la vie de leurs concitoyens, ils désagrègent leurs propres vies. Il y a de tout dans cet esprit. La fainéantise, la mauvaise humeur incontrôlée, l'égo outrageusement caressé et bien sûr l'opportunisme perfide qui déstabilise toute la société.

Le phénomène est très contagieux. Il est présent dans la vie économique comme dans les administrations.

Comment devrait donc agir le ministre du Commerce pour réguler un marché où les données objectives sont faussées par des acteurs économiques déployant une inconscience avérée ? Accuser la pluie d'avoir fait augmenter le prix de la pomme de terre est sans conteste une mesure de rétorsion pour mettre le feu dans les marchés. Aucune stratégie ministérielle n'est valable quand on bute contre un mur d'inconséquences infantiles qui louvoient malheureusement dans tous les circuits de la vie du pays. On s'abrite alors derrière l'excuse trop facile d'accuser les gestionnaires attitrés d'incompétence et gabegie.

Il y a du vrai dans la boutade qui veut que même si des apôtres se présentaient pour normaliser la société, ils ne réussiraient pas.