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Contradictions ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le discours du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à l'ONU, le 22 septembre dernier, continue de susciter des interrogations sur la scène régionale et internationale. Sur le dossier du Sahara occidental, le chef du gouvernement a donné un aperçu de la position de son gouvernement totalement différente de ce qu'il affirmait dans une lettre adressée au roi Mohammed VI en mars dernier, où il soutenait que «la proposition marocaine est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour le règlement du différend au Sahara». «L'Espagne soutient une solution politique mutuellement acceptable, dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité», a-t-il souligné lors de son intervention, le 2 septembre dernier, à la tribune de l'ONU. Pas un seul mot ou signe à propos du soutien de son gouvernement au plan d'autonomie marocain !?

Il n'en fallait pas plus pour que tous les observateurs s'interrogent, à juste titre, s'il ne s'agit pas là d'un changement de position du gouvernement espagnol sur ce dossier du Sahara occidental ? Une certaine inquiétude pouvait se lire à travers les comptes rendus de la presse marocaine, en s'interrogeant s'il est question d'une omission ou d'un réel changement de position du gouvernement espagnol sur le dossier du Sahara occidental. Une inquiétude tempérée par les déclarations des ministres marocain et espagnol des Affaires étrangères, qui ont tenu une réunion en marge même de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies, et qui ont par la même occasion annoncé la tenue de la réunion de haut niveau entre les deux pays, avant la fin de l'année. On n'aurait certainement pas entendu ce son de cloche auprès du ministre marocain des Affaires étrangères s'il y avait un moindre changement de la position espagnole sur le dossier du Sahara occidental. Qu'est-ce qui a empêché alors le chef du gouvernement espagnol de soutenir le plan d'autonomie marocain devant l'Assemblée générale des Nations unies ?

La réponse la plus plausible est celle donnée par le délégué du Front Polisario en Espagne, Abdullah Arabi, dans une interview accordée à Europa Press, où il a relevé la «contradiction» dans laquelle se trouvé piégé le gouvernement espagnol, expliquant dans ce sens que «personne ne peut se prononcer (à l'ONU) contre le processus de décolonisation du Sahara». Et que, indépendamment de l'annonce faite en mars par le gouvernement espagnol, la «nature juridique» du conflit n'a pas changé sur le plan de la légalité internationale. Comment alors le gouvernement espagnol compte-t-il revenir à autre chose que de «soutenir une solution politique mutuellement acceptable» devant l'ONU ? Mais, en épousant les manœuvres marocaines, il ne faudrait pas s'étonner que le gouvernement espagnol vienne, demain, soutenir sans gêne que «la solution politique mutuellement acceptable» est le plan d'autonomie proposé par le Maroc. N'est-ce pas que le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a plaidé devant l'Assemblée générale de l'ONU lors de la session plénière de 2018 en faveur de l'«autodétermination» du peuple sahraoui ?