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L'esprit des comportements

par El Yazid Dib

Y a pas d'esprit à vrai dire dans ces comportements caverneux. Le seul qui puisse exister juste pour motoriser l'action; est celui qui tente de justifier toutes les inepties de la société que veulent lui imposer leurs auteurs.

Rien ne semble ravir nos sens, ni attiédir nos frustrations quant aux diverses expressions que dégagent la rue, le bus, le café, la plage, la poste, le marché enfin tout espace public. Il y règne une sorte de marmelade disparate qui se fusionne à tout geste,acte ou verbe et parole.

Au coin de la rue; les regardistes

C'est là où vient se choir en seigneurie les plus criardes stupidités. Là, l'on voit vivre la réalité du conditionnement, les fausses libertés sociales et l'on vit involontairement toute les déliquescences imposées par la marche des années.

D'arène pour les insanités vocales et les gros mots jusqu'à perdre tout appétit de vouloir la sillonner; la rue s'est érigée en un capharnaüm indicible,visqueux, à moindre ressemblance à une cour des miracles.

Il y a le bon,la brute et le truand, les salopards, le parrain, la bande à bonno,le samouraï, le muezzin, Rambo et peu d'amoureux. Les regardeurs sont ceux qui regardent longuement les passants à vouloir les dénuder. Gobelet en main ils garnissent les coins ,les devantures des cafets et jonchent les artères.

C'est dans la rue que l'on exhibe ses façons,ses tares et ses tics. L'on y parle à haute et intelligible voix sans égard au dérangement ainsi servi. Un confessionnal en mode haut parleur. L'on y mâche ses tristesses ,l'on avale toutes ses indigestions et l'on s'en fout de la discipline citadine ou de la correction urbaine . L'on y crève les discrétions en enjambant la bienséance, la retenue et la réserve en public. L'on dirait que l'indifférence envers autrui est un nouveau mode de conduite. Ainsi, il n'y a plus de droits aux piétons, alors que le passage leur étant àéservé est bien peint, visible mais reste trangressable à volonté. Quand on te le cède, c'est un avantage privilégié que l'on doit avec révérence remercier. Je ne puis dire ,s'il s'agit là d'un écart d'appréciation, de tout ce qui fait subir comme entorses à nos positions comportementales ou de de regard différent. Pourtant, il est possible sinon recommandé de garder son intimité lorsqu'on est en communication téléphonique, pas besoin de gueuler et répandre sa conversation à tout un chacun. Il en est de même de pas encombrer de ses détritus de tabac à chiquer et les coller aux murs, en dessous des tables,des comptoirs et des guichets ou éjecter d'un clic ses mégots encore fumants. C'est dans ces conditions nouvellement installées que toute l'éthique naturelle d'antan a acquiescé à son corps défendant ; sa désertion de l'esprit de ces comportements.

Au bord de la mer; les parasolistes

En dehors de ces malfrats de parkingueurs décriés par tous qui sévissent là où une certaine agglitunation de pauvres citoyens que nous sommes, pigeons à deplumer se concentre ; la plage, qui connaît les siens; est aussi un autre produit pour ces parasolistes d'où l'on tire un profit qui ne profite pas à ces nombreuses familles en quête de quiétude et de fraîcheur. Qu'il soit ainsi, admis par soumission, défaut de réaction ou de résilience.

Dans ces plages l'on ne ressent plus l'air d'été ou le plaisir d'admirer le rivage ou le ressac des vagues. Il y en a du tout et du n'importe quoi. Des gamelles et cocottes-minute, des gandouras, du narguilé, de la pastèque, des chiens, des tricots de peau, de la derbouka. C'est ce qui a fait fuir les volatiles, les coquillages, les âmes tranquilles et même les méduses. Ca donne une image hirsute telle que chantonnee par Tina et tournée en dérision par un clip virtuel d'il «y a le ciel,le soleil et la mer».

Fini ce temps où l'on se prélassait, modestement sur sa serviette de plage,chapeau de paille et lunettes solaires,sur un sable doré par les rayons d'un soleil qui pénétrait tranquillement jusqu'au cœur de tout estivant. Autre époque,autres mœurs, autre esprit de comportement. Le propos n'est pas de denier le droit à personne de se vêtir, se vautrer, patauger, ingurgiter comme il veut; à charge d'inclure impérativement ses droits dans le respect absolu de la liberté des autres.

La plage est un domaine public. Il y a une charte tacite qui reglemente sans le dire les rapports des gens qui viennent la conquérir pour une halte temporaire. Le partage, la coexistence cote à cote, la tolérance et l'extraction jouissive d'un hypothétique moment de plaisir. Elle a,par vocation sa destination naturelle. On n'y vient pas pour faire un gala,une circoncision ou une kermesse. Elle n'est non plus un cimetière ou un domicile mortuaire où doit régner un silence de cathédrale et un présentoir de condoléances. C'est une portion littorale de villégiature et de loisirs. Une laveuse de soucis, une effacées d'amertume. Il y a de l'amusement, un peu de symphonie personnalisée et non pas une cacophonie à des décibels contradictoires à vous briser les tympans et chahuter le supposé calme recherché.

Je ne dénonce pas là, loin de les condamner d'ailleurs, les personnes en tout genre et de tout âge, mais j'accuse l'esprit qui leur fait faire ce que les bonnes vertus,la décence, le civisme recusent.

A la liberté d'expression, Rushdie et Gaza

On a voulu le tuer voilà plus de 30 ans. Ses « versets» ont connu une fetwa « satanique «. Le monde,du moins un certain monde s'en est senti offusqué. L'un pout un livre d'archive, l'autre pour une fetwa périmée. Chez nous, beaucoup de plumes ayant pignon sur lectorat ont prestement désavoué l'acte, certes barbare, du coup de canif sans avoir le plus souvent en faire de même pour les coups de missiles sur Gaza. Certains cherchent à plaire, d'autres s'essayent à se rendre, peut-être plus lisibles. C'est dans cette expression de liberté qu'émerge l'esprit non seulement des comportements mais celui des positions. Un « écrivain « polémiste, blessé ; c'est le tollé. Des enfants assassinés ; c'est l'omerta. Dire que la violence est toujours violence, le crime ; crime. A condamner sans distinction de bourreaux ou de victimes ! Pour être « democrate», défenseur des droits à l'expression, à la paix, à la félicité, au sourire; il faut être entier et harmonisé et non pas une moitié ou une balance chancelante au gré des grands vents dominants.

Au delà des échecs, les attentistes

Tout effet provient d'une cause. Toute cause provient d'une chose,d'un fait, d'un accomplissement ,d'une commission ou d'une d'une omission. Ailleurs, la faille est dans l'ardeur vorace de cette dictature hégémonique d'un bloc sur tous les autres. Tout est superflu, contrefait et vicié. Des droits de l'homme à l'instauration par drônes d'une démocratie qui n'est pas de la même couleur ; l'échec est dans l' ONU, les conventions de Genève, les sommets de tous les nombre du G. Chez nous , l'échec presque total s'attribue chaque année à l'école, la famille, la télévision, la mosquée, la gouvernance, les réseaux sociaux; tous incapables de fournir un comportement acceptable ou de bétonner en ses parois un bon esprit réflexif.