Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Des partis algériens dénoncent: Nouvelle provocation marocaine

par Ghania Oukazi

L'Union internationale des érudits musulmans a affirmé hier que «les déclarations de son président Cheikh Ahmed Raissouni n'engagent que sa personne » et que «l'Union chérit l'Algérie fraternelle et son honorable histoire de libération, et se vante même de sa position sur la question palestinienne».

C'est Cheikh Dr Ali Al-Qaradaghi, secrétaire général de l'Union qui a précisé hier par le biais de son service de l'information, la position de l'Union internationale des érudits musulmans (UIEM) vis-à-vis des déclarations que Cheikh Ahmed Raissouni a proférées contre l'Algérie sur les ondes d'un média marocain. Déclarations qui s'apparentent à un véritable casus belli parce qu'elles se résument en un appel au djihad que Raissouni a lancé aux érudits marocains pour marcher sur Tindouf «afin de la libérer».

«L'Union ne supporte-t-elle pas les conséquences des déclarations du Cheikh Dr Raissouni qui en est son président ?, a été interrogé Dr Al Qaradaghi. «Bien sûr que non, Cheikh Dr Ahmed Raissouni n'a pas dit que c'est là l'opinion de l'Union internationale des érudits musulmans, deuxièmement l'Union a sa propre constitution qui stipule que les interviews et les articles du président ou du secrétaire général ne représentent pas l'Union mais ne sont attribués qu'à leurs auteurs», a-t-il répondu. Il a expliqué que «l'Union mondiale est une institution mondiale d'érudits musulmans avec des milliers de membres issus de 92 pays et des dizaines d'associations et n'est associée à aucune politique et ne représente les orientations d'aucun pays. L'Union a sa propre constitution, sa propre personnalité indépendante».

A la question «quelle est la position officielle de l'Union sur l'Algérie et la Mauritanie ?» Cheikh Al-Qaradaghi répond «le règlement de l'Union impose le respect de la souveraineté et de l'indépendance des États arabes et islamiques, et il est toujours en faveur de l'unification de la parole, du rejet et de l'interdiction des confrontations entre frères et sœurs».

«L'Algérie fraternelle et son histoire honorable de libération»

De par son parcours, l'Union affectionne l'Algérie fraternelle et son honorable histoire de libération, et se vante même de sa position sur la question palestinienne, et a publié des déclarations dans ce domaine. Il affectionne aussi la Mauritanie... Oui, a-t-il affirmé encore, «l'Union n'accepte aucune offense à l'Algérie sœur, ni à la Mauritanie sœur ainsi qu'à ses érudits et appelle au respect de sa souveraineté et de son indépendance(?)». Il note que «l'Union et ses érudits sont les héritiers des prophètes, et sa mission est de suivre leurs conseils en matière de réconciliation et de réforme, de réunification et de prévention des conflits, et de servir et de promouvoir la nation avec la permission d'Allah le Tout-Puissant(?)».

Dans un communiqué qu'elle a rendu public hier, l'Association des savants musulmans algériens fait part d'une communication téléphonique entre son président Dr Abderrazak Gassoum et le SG de l'UIEM, Cheikh Ali Al-Qaradaghi, où il a dénoncé les propos du Cheikh Ahmed Raissouni. En son nom de président de l'Association algérienne et en tant que membre de ladite Union, Dr Gassoum, «s'est dit surpris par le discours du Cheikh Raissouni en particulier sa préparation ainsi que celle des érudits marocains au djihad au Sahara occidental et à Tindouf(?)». Dr Gassoum estime que «ce sont des déclarations qui ne servent ni l'unité des peuples ni le bon voisinage».

Le secrétaire général du FLN, Abou El Fadhl Baadji, appelle Raissouni «à récupérer et à libérer d'abord Ceuta et Melilla, occupées par l'Espagne depuis 5 siècles, ainsi que l'île de Leila et d'autres, puis entrer en Algérie et à Tindouf plus précisément, accompagné de son roi, où il retrouvera les braves qui l'attendent s'il en a le courage». Pour Baadji, «Raissouni appartient à une série de savants recrutés par des laboratoires étrangers pour casser et fragmenter les pays arabes et islamiques(?), en particulier ceux qui, comme l'Algérie, maintiennent encore leurs positions fermes sur des causes justes notamment la Palestine et le Sahara occidental».

«Un extrémisme intellectuel haineux»

Le secrétaire général du RND, Tayeb Zitouni, qualifie les propos de Raissouni de «provocateurs, d'incendiaires et d'une grande gravité, appellent clairement au terrorisme et menacent la stabilité et l'intégrité de la région et l'unité de ses peuples». Il accuse le président de l'UIEM «d'utiliser la religion à des fins expansionnistes et agressives qui causeront des ravages et des destructions aux peuples du Maghreb et les poussent dans le cercle de la guerre et de la rivalité». Le RND «appelle les érudits de la Oumma islamique à dénoncer cet extrémisme intellectuel haineux et à libérer l'Union internationale des savants musulmans de cette figure religieuse qui pratique le charlatanisme et l'incitation à la violence, au lieu de répandre les vertus et les enseignements tolérants de l'islam».

Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Mokri, estime pour sa part que «la relation tendue entre les deux pays ne supporterait pas de tels propos qui ajoutent de l'huile sur le feu». Mokri retourne à Raissouni son «appel du djihad» en lui recommandant «plutôt de lutter contre la normalisation de son pays avec l'entité sioniste pour rompre cette alliance». Et, ajoute-t-il, «au lieu d'inciter à la haine et à l'acharnement entre les musulmans, il aurait mieux valu d'appeler à la lutte pour la libération de Ceuta et Melilla détenues actuellement par l'Espagne».

Accusant Raissouni d'avoir tenu des propos provocateurs «pouvant mener à de sérieux conflits entre des pays frontaliers», Abdelkader Bengrina, président du Mouvement El Bina, a sur sa page facebook, lui aussi, jugé ces propos «provocateurs(?), violent la souveraineté des deux pays et touchent à la dignité de leurs peuples». Bengrina rappelle que «les territoires algériens ont été libérés par près d'un million et demi de martyrs de la révolution».