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Comme une pilule de suicide !

par El-Houari Dilmi

La situation a atteint le seuil critique pour convoquer la conscience de tous, des plus hautes autorités du pays en premier lieu. Une moyenne de dix morts par jour sur nos routes, c'est plus qu'un bilan de guerre. D'aucuns ne vont pas par des chemins sinueux pour pointer du doigt la santé mentale des conducteurs algériens, au point où l'on parle carrément d'euthanasie sur notre macadam sanglant.

Malgré les solutions, toujours inefficaces, proposées par les pouvoirs publics, l'Algérie continue à occuper les premières places du podium avec un nombre effarant de cadavres sur nos routes. Une situation si dramatique que même le Conseil des ministres s'était penché sur le sujet, sans résultat probant sur le terrain cahoteux de la réalité. Comme une pilule de suicide, les Algériens veulent-ils «s'euthanasier » sur nos routes défoncées, puisque, selon les pouvoirs publics mais aussi les spécialistes de la question, la dimension psychologique, voire psychiatrique, est largement mise en cause chez le commun des conducteurs algériens. Avec une lourde ardoise de 120 milliards de dinars, annuellement, le Conseil des ministres est allé jusqu'à estimer que les accidents de la route sont devenus « un enjeu majeur », surtout que « toutes les mesures préventives et dissuasives prises jusqu'à présent pour mettre fin à ce phénomène ont montré leurs limites ». Même le fait de criminaliser tout comportement imprudent, ou carrément suicidaire, dans la conduite, notamment en ce qui concerne les moyens de transport collectif et scolaire, cela n'a pas dissuadé les chauffards, loin s'en faut.

Parce qu'il s'agit du facteur humain en premier lieu, responsable de la quasi-totalité des accidents mortels et des handicapés à vie, tous les acteurs de la société civile tentent désespérément de prêter main-forte aux pouvoirs publics, pour aider à la sensibilisation sur un problème de santé publique avant tout. L'on se souvient que lors d'un des Conseils des ministres consacré à ce dossier, menace a été brandie de « sanctionner les employeurs qui recrutent des conducteurs sans s'assurer, au préalable, de leur état de santé psychologique et psychiatrique et de leur parcours professionnel ». Mais tout ça reste malheureusement de la simple rhétorique dans un pays où, il est vrai, la santé mentale de l'Algérien est à l'origine de beaucoup de dérèglements dans notre vie sociétale, et pas seulement avec les terribles drames de la route...