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Géostratégie en gestation

par Abdelkrim Zerzouri

Alors qu'on la croyait agonisante, il y a tout juste quelque mois, voire déclarée «en mort cérébrale», selon les propos du président français Emmanuel Macron, lors d'une interview accordée en novembre 2019 à l'hebdomadaire britannique ?The Economist', l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) revient en force sur la scène internationale. Après avoir conforté sa position en Europe, ces derniers mois, dans le sillage de la guerre en Ukraine, qui a été le moteur de son retour sur la scène internationale, l'OTAN veut-il se tourner vers la rive sud de la Méditerranée ? Dans cette région, tout passe par l'Afrique du Nord. Le Maroc, acquis aux liens militaires et politiques de l'OTAN, reste «un partenaire stratégique clé», selon les évaluations émises par l'organisation.

La Tunisie également, qui n'échappe pas à son champ d'influence, devrait bénéficier dans les prochains mois d'une assistance concrète, qui se traduira par une intensification de la coopération militaire et sécuritaire, selon les décisions prises lors du dernier sommet qui s'est tenu du 28 au 30 juin à Madrid. A la fin de ce sommet, le secrétaire général de l'Otan, Stoltenberg, a clairement déclaré dans ce sens qu'il s'agissait d'un défi alors que la Russie et la Chine tentaient d'obtenir des «avantages politiques, économiques et militaires dans le voisinage sud de l'Alliance», tout en annonçant en particulier un soutien concret à la Tunisie, la Mauritanie et la Jordanie. L'Egypte dispose d'un siège en qualité de pays observateur à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN (AP-OTAN), et l'Algérie dispose d'une délégation au titre de partenaire régional et membre associé méditerranéen au sein de la même Assemblée dans le cadre de la lutte antiterroriste.

A ce stade de la vision stratégique de l'OTAN, on comprend mieux l'enjeu des luttes en Libye, où Russes et Américains font des mains et des pieds pour que ce pays fasse partie de leur champ d'influence une fois sa stabilité retrouvée, normalement à l'issue des élections présidentielles et législatives. La Syrie qui reste, aussi, acquise corps et âme à la Russie, dérange les calculs de l'OTAN. Cela explique l'engagement total des Russes dans leur soutien au président syrien Bachar El Assad. Rien n'est encore joué sur le plan de la nouvelle géostratégie en gestation.