Ancienne karateka de haut niveau, Laurence Fischer est une sportive au palmarès très éloquent. Durant ses quinze années de carrière, elle a remporté à trois reprises les championnats du monde. Elle est également septuple championne d'Europe et s'est illustrée dans de nombreuses compétitions internationales. Convertie dans le monde diplomatique depuis le 1er juillet 2019, elle est aujourd'hui ambassadrice pour le sport au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Sportive dévouée, mais aussi femme au grand cœur, Laurence Fischer s'est longtemps engagée auprès des femmes victimes de violences à travers son association « Fight for Dignity ». Accompagnée du consul général de France à Oran, M. Alexis Andres, à l'occasion de sa visite au Quotidien d'Oran, nous lui avons posé quelques questions.

Le Quotidien d'Oran: Etre ambassadrice pour le sport, en quoi ça consiste ?

Laurence Fischer: C'est une fonction très officielle au sein du ministère des Affaires étrangères qui permet de faire rayonner à grande échelle le sport et la diplomatie sportive. Vous savez, la France est une terre d'accueil de grands événements sportifs internationaux et dans ce cadre-là est venue l'idée de créer une équipe de France institutionnelle, qui travaille de manière très étroite avec les fédérations et des comités olympique et paralympique. Le sport est un outil de «soft power» et d'influence internationale. La France dispose d'un réseau diplomatique puissant. Mon rôle est de faire en sorte que le sport soit utilisé par ce réseau, via des référents sport dans chaque pays. Que le sport contribue à faire rayonner la France, partout dans le monde.

Q.O.: Comment s'est faite la conversion dans le monde diplomatique ?

L.F.: Vous savez, la naissance de la fonction est assez récente (2013), d'ailleurs, j'ai seulement deux prédécesseurs avant moi, des diplomates de carrière qui, il faut le dire, ont réalisé du bon travail. La stratégie de base est particulièrement transversale, c'est de représenter le sport dans toute sa dimension et d'attractivité commerciale, mais aussi économique. C'est aussi d'adapter l'expérience acquise tout au long de ma carrière pour créer une équipe de France de sport business et développement durable. Quand on a été athlète de très haut niveau, que l'on a côtoyé la performance, on a une capacité à gérer la pression et à transmettre.

Q.O.: Oran accueille les JM-2022. Qu'en pensez-vous ?

L.F.: Pour tout vous dire, c'est ma première visite à Oran. Je suis très heureuse d'être ici et croyez-moi, l'accueil qui a été réservé aux délégations et particulièrement française a été à la hauteur des valeurs et traditions du peuple algérien. C'est une aventure passionnante à laquelle je suis fière de participer avec l'ensemble des acteurs du mouvement sportif français. Aussi, j'ai trouvé ça formidable que le sport féminin soit très bien représenté lors de ces Jeux, notamment la boxe algérienne, qui recèle de grandes championnes. Ces Jeux sont un impact sur la jeunesse et la volonté de pratiquer. Et puis, il y a aussi cette volonté pour nous, en tant que représentants officiels, de créer des liens et d'avoir plus de coopération avec l'Algérie dans le domaine sportif. Le but est vraiment de partager les expertises autour de la formation, parce que évidemment, nous avons besoin de structures pour amener ce savoir-faire, et il faut être en échange permanant d'expérience.

Q.O.: Dans deux ans, Paris organise les JO-2024. Quel rôle portez-vous à l'approche d'un tel événement ?

L.F.: Avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024, la France accueillera de nombreux événements d'envergure, dont la Coupe du monde de rugby en 2023. Autant de rendez-vous qui nous poussent à mettre en avant l'image du sport et permettre aux territoires français de rayonner et de montrer le meilleur d'eux-mêmes. Il s'agit également d'une vitrine exceptionnelle de l'innovation et des savoir-faire nationaux dans de très nombreux secteurs. La diplomatie sportive française est conçue comme une diplomatie globale, axée sur le renforcement de l'influence, du développement économique, la régulation de la mondialisation et la communication, afin de soutenir le sport français sur la scène internationale.