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Un parlement français à blanc

par Abdou BENABBOU

Les dernières élections législatives françaises vont-elles créer un capharnaüm pour le pouvoir en place qui iraient jusqu'à influer grandement sur les relations internationales de la France ?

Sérieusement mis en difficulté, bien qu'il garde au nom de la Constitution sa main souveraine sur la politique internationale, le palais de l'Elysée aura à l'évidence des difficultés à respecter les engagements pris par l'Etat puisque avec la nouvelle configuration de l'Assemblée nationale c'est l'Etat français lui-même qui changera d'habits.

La diplomatie étrangère étant toujours sous-tendue par la politique interne, le président Macron coincé entre deux partis de l'opposition aujourd'hui prédominants dans l'Assemblée avec des idéologies diamétralement opposées, aura du mal à conforter sa stratégie vis-à-vis des pays tiers. L'inconfort de sa position résidera d'abord dans les relations avec l'Union européenne dont il est aujourd'hui le président et paradoxalement le front de la gauche et celui de l'extrême droite manifestement opposés sinon allergiques à la politique de l'UE le mettront en porte à faux avec la conduite qu'il a toujours avec force soutenue. L'impossibilité de se conformer aux nombreuses directives européennes touchant des domaines importants sera de mise et l'on devine déjà la position kafkaïenne dans laquelle sera celui qui se veut le chef de file de l'Union.

D'autres thèmes sensibles de désaccords au sein, de surplus, d'une même formation constitueront des pommes de discorde au sein du Parlement et annihileront l'aisance de la gouvernance dont le président Macron a bénéficié pendant cinq ans.

Une entente sur la prise en charge des problèmes de l'immigration, entre autres sujets importants, ne sera certainement pas assurée au vu des programmes très divergents des partis qui détiennent la clé de voûte de l'Assemblée française. L'état de fait installé depuis dimanche à l'issue des élections législatives aura à ne point douter des ramifications contrariantes inattendues sur les relations françaises avec les pays du sud de la Méditerranée et en premier lieu avec l'Algérie. A quelques nuances près, la droite française toutes tendances confondues est sur une ligne de conduite commune face à la prise en charge de l'immigration ce qui présage déjà l'aiguisage des crocs du Rassemblement national de Marine Le Pen. Affirmer que le jeune fougueux et téméraire président, droit dans ses bottes, se contentera de faire le dos rond face à la bourrasque attendue est une simple vue de l'esprit. La récente fissure observée au sein de l'union de la gauche pourrait l'inciter à chambouler le nouvel ordre établi. Dissoudre l'Assemblée nationale lui est tout indiqué.