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Le possible réveil de l'hydre malfaisante

par Abdou BENABBOU

Le Covid-19 relève la tête ici et là à travers le monde. Des cas de contamination, certes peu nombreux, sont signalés une nouvelle fois en Chine, là où le mal est né, en Amérique latine et en Europe. On ignore encore pour le moment ce qu'il en est pour le continent africain sauf que l'on sait que la pandémie n'a pas été définitivement terrassée.

A bon escient, les autorités sanitaires algériennes gardent le bon œil et ne cessent pas de multiplier les mises en garde contre un retour du virus bien qu'elles aient lâché du lest pour que la population vive normalement. Malheureusement, les libertés accordées ont donné lieu à une fâcheuse compréhension prêtant à croire à la fin définitive de l'épidémie. A quelques exceptions près, les mesures préventives contre le Covid ont été carrément abandonnées en oubliant que la catastrophe sanitaire algérienne a pris naissance à partir d'un seul et unique cas qui a surgi à Sétif. On connaît la suite et les drames pluriels qui ont suivi sa propagation. Les faillites en tous genres ont imposé un lourd prix à payer.

Les contraintes morales et physiques imposées par le souci de protéger la population ne pouvaient évidemment pas perdurer car les dégâts collatéraux causés sur les libertés individuelles et sur l'ensemble de l'économie ont été désastreux. Fort heureusement, en comparaison avec d'autres pays, malgré les drames vécus par de nombreuses familles, l'Algérie n'a pas connu l'ampleur des catastrophes observées à travers le monde.

Mais la relative accalmie sanitaire n'est qu'en trompe-l'œil car les perfidies des pandémies sont connues et leurs résurgences ne sont jamais à écarter. Or l'ensemble des articulations sociales des Algériens aujourd'hui démontre que tout le monde est convaincu que le virus n'a fait que passer et qu'il n'est pas près de se réinstaller. Les bavettes ont disparu, les distanciations physiques ne sont plus qu'une vieille histoire à oublier et les étreintes humaines comme les «bousboussades» amicales redonnent une nouvelle noblesse à une inconscience généralisée capable de réveiller l'hydre malfaisante.