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Nora, Saliha et les harkis

par El-Houari Dilmi

La France ne veut surtout pas qu'on touche à ses harkis, ces supplétifs engagés dans l'armée française lors de la guerre d'Algérie. Au point que deux Algériennes résidant dans l'Hérault ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Castres (Tarn) pour avoir accusé sur Facebook les harkis de «traîtres et de collabos».

Pourtant, «harki», «traître» et «collabo» c'est du pareil au même, comme un pléonasme ! Les médias hexagonaux qui se sont emparés de la «belle affaire» se sont émus des «graves accusations» portées par les deux Algériennes. Chouf ya sidi ! Le «corps constitué» des harkis a obtenu gain de cause et les deux Algériennes condamnées pour le délit de «diffamation», car ils font référence à «des actes de collaboration avec l'Allemagne ou à la guerre d'Algérie ; traître est une notion diffamante», selon la jurisprudence de la cour de cassation.

Un argumentaire spécieux pour dire que le mot «harki» doit être entouré de toute? la sacralité nécessaire pour services rendus à la patrie : la France ! Pourtant, Nora et Saliha ont écrit sur leurs pages Facebook une vérité qui parait si évidente : «les harkis sont des traîtres, et les harkis ont tué des Algériens». Les deux Algériennes ont écopé d'une amende de 1.000 euros chacune au titre de réparation du «préjudice moral» fait au «corps constitué» des harkis.

Des condamnations non frappées d'appel et donc définitives, nous apprend-on ! Mais vous souvenez-vous, même l'ancien nouveau locataire de l'Elysée a demandé «pardon» aux harkis. Pour certains, il s'agit là d'un «simple geste de mémoire, discutable car bâti sur une lecture instrumentale du phénomène supplétif» !