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La première règle de l'investissement

par Abdou BENABBOU

De toutes les décisions prises dans le cadre de l'avant-projet de la loi sur les investissements ce sont celles relatives à la pénalisation de l'obstruction administrative qui sont les plus importantes. S'attaquer au mur d'acier érigé contre toutes les initiatives d'investir, petites ou grandes, par une flopée de fonctionnaires à quelque niveau qu'ils soient, est un heureux affrontement contre un mal qui a terriblement gangrené le pays.

Seriner les méfaits de la bureaucratie n'est qu'un survol suranné d'un phénomène malfaisant répété avec une certaine fuite en avant pour cacher un mal plus profond qui relève de la traîtrise et du bradage de l'âme pour détruire son pays. Unis et conjugués à tous les temps, l'incompétence, la corruption instituée au grand jour, la rapine, la vanité, le brigandage et même la nonchalance bien élaborée et orchestrée par certains agents censés être au service de la population sont des armes autrement plus toxiques que de la petite félonie. Elle est traîtrise et crime contre la nation. De fait, la crainte peinte en toile de fond supposant incarcérations à la prison d'El Harrach n'est que prétexte pour fuir les responsabilités ou à l'inverse pour justifier la varappe. L'apriori du mal qui résiderait dans la législation est insuffisant pour justifier les mauvaises assises dans le monde de l'investissement.

Pour dépasser les us malfaisants qui dénaturent le vrai sens de l'investissement, les meilleures procédures législatives et n'importe quel génie gouvernemental n'auront qu'un moindre effet sur l'économie si un certain esprit et culture dépravés ne sont pas écartés. Il ne peut se limiter à l'orientation de la loi fût-elle guidée de la plus noble intention, car sa positive effusion naît d'abord dans les cœurs et les engagements de ceux censés l'appliquer à la lettre.

La base du réel investissement et de son efficacité est l'engagement sans faille des agents de l'Etat, des ordonnateurs et des exécutants qui ne doivent s'en tenir qu'au bien de leur pays.

La formule d'un célèbre ancien président américain qui recommande à chaque citoyen de se demander ce qu'il peut apporter à son pays plutôt que d'entrevoir ce que son pays doit lui donner est d'une actualité brûlante en Algérie.