Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Raison politique ou économique ?

par Abdelkrim Zerzouri

A la veille de la saison estivale, l'Algérie garde toujours ses frontières terrestres avec la Tunisie fermées. Une prolongation de la fermeture des frontières qui inquiète les Tunisiens et qui laisse des milliers de touristes algériens accrochés à une décision politique de la part du gouvernement algérien, qui leur permettrait de préparer leur séjour touristique en Tunisie. Après deux saisons creuses, en raison de la pandémie de la Covid-19, les professionnels du tourisme en Tunisie espéraient que cette année 2022 apporte un changement dans la situation, prévoyant dans ce sens, à l'heure de la stabilisation de la pandémie et la réouverture des frontières au niveau international, l'arrivée massive des touristes algériens. Mais, les autorités algériennes laissent encore planer le suspense.

Le 18 dernier, le président Tebboune a donné l'ordre de rouvrir les frontières terrestres avec la Tunisie, mais uniquement pour effectuer les opérations commerciales légales qui se font en devises. Ce qui laisse supposer que pour les voyageurs, les frontières demeureront fermées, sauf pour les Algériens résidant en Tunisie et vice versa, qui peuvent se déplacer de part et d'autre de la frontière librement. Comment expliquer ce refus d'ouvrir les frontières avec la Tunisie ? Du côté tunisien, certains croient dur comme fer que la décision de garder les frontières fermées est motivée par des raisons politiques. Pourtant, se fiant aux très récentes déclarations des deux chefs d'Etat, les deux pays semblent résolument engagés dans le renforcement de la coopération bilatérale dans divers domaines. En somme, tout allait pour le mieux entre les deux pays.

Du côté algérien, on garde le silence face aux inquiétudes des Tunisiens. En tout cas, même si elle garde les frontières terrestres fermées, l'Algérie a bien renforcé ses vols aériens avec la Tunisie. Reste à savoir si les frontières terrestres resteront fermées durant toute la saison estivale. Ce qui priverait le tourisme tunisien d'une importante rentrée en devise. En contrepartie, c'est le tourisme domestique qui va bénéficier de la prolongation de la fermeture des frontières, car les Algériens seront contraints de passer leurs vacances au pays. On sait que le gouvernement algérien cherche par tous les moyens à limiter les sorties des devises, pourquoi ne pas penser que la raison de garder les frontières fermées n'est pas politique, comme le croient certains Tunisiens, et qu'elle découle d'une vision purement économique ? Cependant, il faut reconnaître que le silence des deux gouvernements en ajoute à l'opacité d'un climat de plus en plus lourd.