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Hors course

par Abdelkrim Zerzouri

L'ouverture de filiales des banques algériennes à l'étranger, en Afrique notamment, est une ambition collée en haut du dossier de la réforme du système bancaire et financier depuis 2020. Le cahier des charges y afférent était «fin prêt », mais elle est restée en l'état, sans aucune concrétisation sur le terrain. Et, on se retrouve encore en 2022 à conjuguer le verbe du sujet au futur. L'ensemble des démarches relatives à la mise en œuvre de la 1ère phase du projet d'ouverture des agences bancaires à l'étranger devront être finalisées «avant la fin de l'année en cours», a annoncé le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, mercredi, lors de la réunion du gouvernement. Pourquoi toute cette lourdeur dans l'exécution de ce projet, qui tient, pourtant, à cœur au président la République qui avait, lors d'un Conseil des ministres, tenu à la fin l'année 2020, ordonné «l'ouverture des banques algériennes en Afrique et en Europe afin de permettre aux émigrés algériens d'effectuer des dépôts ou des transferts, et impulser les échanges commerciaux, notamment avec les pays africains» ?

La réforme du secteur bancaire et financier est la plus dure à exécuter. Certes, le gouvernement a légèrement avancé sur ce dossier, l'entrée en fonctionnement de la finance islamique en est un exemple, mais plusieurs autres pistes restent impraticables. La réforme bancaire et financière est restée en déphasage avec l'évolution rapide de la législation et les mesures mises en œuvre pour relancer l'économie nationale, dont l'ouverture des banques algériennes à l'étranger. Cette fois sera la bonne ? Le Premier ministre affirme dans ce sens que trois (03) banques publiques à savoir la Banque Nationale d'Algérie (BNA), le Crédit Populaire d'Algérie (CPA) et la Banque Extérieure d'Algérie (BEA) prévoient l'implantation de filiales au niveau de plusieurs pays africains, sans les citer, mais on parle beaucoup du Mali, du Niger et du Sénégal, comme premiers pays visés par ces implantations.

Aussi, la BEA a engagé des démarches pour l'ouverture d'un bureau de sa filiale «BEA Internationale» en France afin de répondre aux préoccupations soulevées par notre communauté nationale établie dans ce pays, a-t-il relevé.

Clairement, il n'y a que des banques publiques qui prévoient l'implantation de filiales en Afrique et en France. Pourtant, le gouvernement comptait beaucoup sur des joint-ventures entre banque publique et banque privée algériennes, une vingtaine dans leur ensemble (six publiques et quatorze privées), en activité sur le marché. Si les opérateurs privés ne répondent pas à l'appel, «l'Etat ouvrira seul ces banques », avait laissé entendre le ministre des Finances, actuel Premier ministre, en 2020. Les banques privées hors course, et l'Etat y va seul à la conquête de ce marché très lucratif, où les banques devraient occuper un rôle prépondérant sur le plan du financement de l'économie africaine, selon des avis largement partagés par les spécialistes. Pourquoi alors les banques privées n'ont manifesté aucun intérêt pour ce marché ? Manque de confiance ou serait-on en possession de données où la mesure de la part du risque est plus élevée que les prévisions de réussite dans ce marché africain ?