Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Fluctuations des données

par Abdelkrim Zerzouri

Pour une première, c'est une réussite. Le succès de l'opération de traitement des dossiers des demandeurs d'allocation chômage, entamée le 24 février dernier, qui a atteint un taux de 90% en matière de prise en charge de plus de 1,5 million de demandes, avec une réponse positive pour plus d'un million de bénéficiaires, devrait stimuler «davantage d'efforts à l'avenir afin d'obtenir une vision plus claire», a souligné le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, lors des travaux d'un séminaire national qui a regroupé les directeurs de l'Emploi, les inspecteurs locaux du Travail et les chefs d'antennes locales. Selon le responsable du secteur, le traitement des dossiers des demandeurs d'allocation chômage permettait de prendre connaissance du «potentiel en main-d'œuvre» dont dispose l'Algérie et la manière de créer des postes d'emploi.

Certes, on pourrait à travers ces centaines de milliers de demandes d'allocation chômage se faire une idée sur le taux du chômage lui-même, ainsi que sur le « potentiel en main-d'œuvre » dont dispose le pays, mais ces statistiques concernant les demandeurs d'allocation chômage restent dans un premier temps au stade du constat exploratoire, qui peut s'avérer très aléatoire. Pourquoi ? Parce que les demandeurs d'allocation chômage ne sont pas tous des chômeurs qui cherchent réellement un travail. Comme il s'agit d'une première expérience, ne serait-on pas mieux avisé de prendre du temps, étudier les informations disponibles, pour être fixé sur le détail du ?potentiel en main-d'œuvre' dont dispose le pays ? D'ailleurs, les statistiques livrées jusque-là ne sont pas très explicitées ou caractérisées, restant pratiquement à l'état brut.

On ne sait pas, par exemple, quel est le taux des bénéficiaires de sexe féminin et masculin sur les 1.150.000 bénéficiaires de l'allocation chômage ? Les femmes sont-elles plus nombreuses que les hommes ou le contraire, et où se situent les tranches d'âge des bénéficiaires ? En sus du fait établi par les statistiques, qui donnent un taux de chômage plus élevé chez la population féminine, et si on se fiait également à leur masse imposante devant les antennes d'emploi lors du dépôt des dossiers de demandes d'allocation chômage, le taux des femmes bénéficiaires d'allocation chômage serait plus élevé que celui des hommes. Bon nombre parmi ces derniers a été exclu par la condition de la situation vis-à-vis du service national, une exigence qui favorise naturellement les femmes.

Il faut également prendre en considération que de nombreux demandeurs et bénéficiaires d'allocation chômage, qui se sont inscrits sur les listes uniquement pour toucher le montant de l'allocation, fausserait une évaluation dans la précipitation du potentiel en ?main-d ?œuvre du pays'. On commencera à faire cette évaluation après l'élimination des faux chômeurs, femmes et hommes. Comment ? C'est la tâche sensible qui attend maintenant les antennes locales d'emploi, celle de dénicher des postes pour les bénéficiaires d'allocation chômage et de les orienter dans ce sens vers la vie professionnelle.

Et ce n'est qu'après qu'on peut actualiser les données liminaires. Soit après le toilettage des listes des bénéficiaires d'allocation chômage, à travers l'élimination de ceux qui refuseraient de rejoindre leurs postes, ainsi que d'autres exclusions pour différents motifs, dont les fausses déclarations. Devant le travail de fond qui attend les antennes locales d'emploi, tout ce qui a été réalisé reste encore objet de fluctuation et de correction.