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L'école et l'arche sociale mouvante

par Abdou BENABBOU

En ce moment l'école est soumise à l'ébullition des compositions et des examens comme à l'accoutumée en cette période de l'année. Dans la plupart des familles, le stress des parents et des enfants est à son paroxysme presque comme s'ils sont face à un jugement dernier.

Considérée comme un catalyseur bienfaisant pour une vie future, l'école est au centre des préoccupations des familles, avec une tendance à voir à travers elle une brèche salvatrice pour un avenir assuré. Pour de multiples raisons cependant, parmi lesquelles la déconnexion avérée entre les attentes et la réalité occupe une place prépondérante, l'école et l'éducation ne parviennent pas à trouver une juste et finale définition.

A croire qu'elle n'a de sens que parce qu'elle est obligatoire et elle reste cernée par les mœurs et les idéologies contradictoires sans s'orienter vers l'essentiel.

Mais le drame actuel de l'école algérienne, faute de s'adapter à la marche du siècle, est qu'elle prend de plus en plus le visage d'un marché particulier avec le risque de transformer les enfants en bétail. Démultipliées, de nombreuses familles n'arrivant pas à boucler leurs fins de mois, s'obligent à se priver des repas coutumiers pour payer à leurs progénitures des cours particuliers qui n'ont de rattrapages que leurs énoncés. Dès lors, on ne sait plus par quel habit l'école publique est vêtue, obligée par la force de l'argent à porter un accoutrement. Le plus regrettable est que ce sont les enseignants rémunérés par l'Etat qui se prêtent à une danse à deux pas pour dénaturer et pervertir ce qui reste de la première grande institution d'antan. La floraison exponentielle des cours privés a vidé de sens l'école publique pour devenir un totem sans âme dépourvu de raison d'être.

Il serait trop facile de leur en vouloir pour leur létale fuite en avant. Ils sont eux aussi prisonniers d'une arche sociale et économique dangereusement mouvante. Malheureusement, pour des êtres humains, le tribut à payer aux nécessités de la vie produit parfois des entorses à la morale.

Pourtant pour remettre l'école sur de bons rails et l'extraire des affres contre nature pour le bien de tous, la solution est aisée. Il suffit d'imiter les nations qui ont su redorer la gloriole de leurs institutions éducatives et des savoirs pour devenir des puissances respectées. Et ce n'est pas un péché.