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Est-ce que nous prenons bien soin de notre pays ?

par Amine Bouali

Les citoyens algériens ont tendance à tenir pour responsables leurs gouvernants de tous les maux dont souffre leur pays, mais ils occultent volontiers leur part de responsabilité. Il est vrai que la responsabilité des seconds nommés est déterminante car ils sont censés tracer le chemin et montrer l'exemple à suivre aux premiers. Mais est-ce que nous autres citoyens lambdas, citoyens de base, sommes-nous toujours irréprochables, accomplissons toujours notre devoir et prenons bien soin de notre pays ?

Cette interrogation, formulée de cette manière directe, peut paraître biaisée et même injuste, car la marge de manœuvre dont dispose un citoyen ordinaire pour influer positivement sur une situation de nature globale et complexe est limitée, mais elle n'est jamais égale à zéro ni sans effets : tous les petits efforts solitaires qui vont dans le sens du bien commun, une fois additionnés, sont capables de déplacer des montagnes, peuvent transformer à la longue une société, cimenter une nation autour d'un grand dessein collectif.

Oui, posons-nous franchement la question : est-ce que nous prenons bien soin de notre patrie, est-ce que nous l'aimons vraiment et est-ce que nous veillerons sur elle quoi qu'il arrive ? Récemment, quelqu'un nous a confié qu'au moment du retour d'un pique-nique en bord de mer avec des amis, et parce qu'il tenait à ramasser les restes du repas qu'ils venaient de consommer, avec l'intention de les jeter plus tard dans la poubelle la plus proche, il eut droit à cette remarque cynique de la part d'un de ses compagnons d'excursion qui piaffait d'impatience : «Stp, laisse cet endroit aussi sale que tu l'as trouvé!». Imaginons le champ des possibles et les perspectives que ce dernier aurait ouverts s'il lui avait dit plutôt (en même temps que des millions et des millions d'Algériens) : «Oui, rendons cet endroit beaucoup plus propre que nous l'avons trouvé!»