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La déprime des «Verts»

par Ahcene-Djaballah Belkacem

L'Algérie a été éliminée et ne participera donc pas à la prochaine Coupe du monde de football devant se tenir au Qatar. Eliminée à Blida par le Cameroun alors qu'elle avait remporté son match-aller, à Yaoundé. Quelques secondes, les dernières du match, de relâchement, et hop ! Le rêve s'est transformé ne cauchemar. Pour les joueurs. Pour le coach. Pour le public présent arrivé très tôt le matin de presque toutes les villes du pays. Pour toute l'Algérie. Pour les caisses de la FAF (un minimum de 9 millions d'euros). Un cauchemar comme on en a jamais vécu, et dont les retombées psychologiques vont certainement durer longtemps, très longtemps tant la «chute» a été inattendue et brutale. D'autant plus que, après la victoire à Yaoundé, le «bendir» a été tellement surchauffé par la presse, les dirigeants, les analystes et consultants spécialisés ou non, les supporteurs, et même par les familles politiques. Bien des citoyens avaient déjà programmé leur séjour à Doha et les sponsors avaient déjà «vendu la peau des... Lions».

Décidément, le comportement - toujours insaisissable, donc indomptable, même par nos psycho sociologues - des Algériens ne cessera jamais de favoriser la précipitation, un défaut qui diminue la mobilisation et la vigilance et, donc amenant les victoires finales, pourtant bien amenées. Pour l'anecdote, on se souvient de la mésaventure, à l'étranger, d'une de nos plus brillantes athlètes qui, lors d'une compétition sur le 1.500 m, je crois, avait une très bonne longueur d'avance sur sa poursuivante. A 100 m de l'arrivée, pensant à une victoire facile, elle avait ralenti et s'était retournée pour se «moquer» de sa concurrente. Le temps de se reprendre et celle-là l'avait dépassée et franchi avant elle l'arrivée. A moquerie, moquerie et demie !

Le plus ridicule, à mon humble avis, ce fut de voir, par la suite, la rencontre perdue devenir un «drame national» sortant du cadre sportif, les instances chargées du foot national, s'en aller déposer un recours auprès de la FIFA pour contester l'arbitrage et demander que le match soit rejoué alors que la séance de tirage au sort de la phase finale allait se dérouler. L'Algérie mauvaise perdante ? Pas les joueurs eux-mêmes, victime d'un moment d'inattention car ils s'étaient jusqu'à l'avant-dernière minute, bien comportés. Non l'entraineur qui, peut-être, bien qu'expérimenté, avait oublié les leçons surprenantes de l'Histoire des matches-clés du football (un sport «magique », mais «cruel» et «injuste» selon I. Bennacer, un sport «dur» selon Infantino). Mais toute la sphère administrative et médiatique du foot, - tous ceux qui avaient chanté victoire trop tôt- chacun trouvant un bouc-émissaire dont l'arbitre et le Var. Comme toujours, la faute aux autres ! La «main de l'étranger».

Le président de la FAF a démissionné puis s'est rétracté pour on ne sait quelle raison, des joueurs sont déprimés avec un moral dans les chaussettes, les supporteurs sont en colère, les «conseilleurs» sont dépités, les sponsors sont anxieux (pour leurs investissements publicitaires), les médias sont inquiets (pour leurs audiences), les mauvaises langues sont aux anges et les politiques sont silencieux. Mais, globalement, personne ne s'interroge sur la réorganisation du sport national en général et le foot en particulier. Sur la force et les faiblesses du système actuel qui, déjà, avait, en partie (l'honneur ayant été en partie sauvé lors des Jeux paralympiques) échoué aux derniers JO. Une organisation à revoir fondamentalement, basée sur l'exploitation des énergies nationales sur le terrain, l'apport de l'extérieur (même d'origine nationale), étant exceptionnel. Pour réapprendre à gagner. «Pour revenir plus forts ensemble» (R. Mahrez)

PS: Rectificatif. Lire dans le dernier paragraphe de la toute dernière chronique (samedi 2 avril): «Auparavant, le geste ou la parole «déshonorante» était assez vite réglée sur le pré en duel, à l'épée, au pistolet ou sur un ring (ou sur le trottoir) aux poings en présence de témoins. Aujourd'hui, heureusement qu'il y a la justice qui «veille» pour rendre, à sa manière, la pareille ou bien plus. Il n'en reste pas moins que c'est un cercle infernal ! De la violence soft encore plus cruelle, car visant le moral».