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Tlemcen: Ces marchés qui font courir

par Khaled Boumediene

En invitant les grossistes et les producteurs à participer aux marchés de proximité, les pouvoirs publics ne se doutaient pas un instant que cette nouvelle forme de vente proximité de produits alimentaires, visant à couvrir la demande accrue sur les divers produits de base et lutter contre la spéculation, allait connaître un grand engouement de la part des consommateurs.

En effet, le centre des arts et des expositions (CAREX) de Koudia, a drainé une foule nombreuse de personnes venues des quatre coins de la wilaya pour faire leurs emplettes à des prix plus ou moins abordables par rapport aux marchés habituels. Les visiteurs ont plébiscité la diversité des produits alimentaires mis en vente par les 48 exposants dans ce « marché de la Rahma ». A première vue, tous les produits essentiels de large consommation, tels l'huile, la farine, la semoule et le lait subventionné, sont disponibles dans ce marché spécial Ramadhan, inauguré par le wali de Tlemcen, Amoumène Mermouri, en présence du directeur du commerce et de la promotion des exportations, Mourad Bouchair, du directeur de la chambre de commerce, Mohamed Rebiai, des autorités locales ainsi que les représentants d'associations de protection des consommateurs (Himayatouk, El Amel, Apoce et Djamiat Ain Kébira).

Il faut souligner dans ce contexte que des perturbations ont été enregistrées dans le circuit de commercialisation de ces produits parfois quasi introuvables sur le marché et ce, malgré les actions de contrôle et de suivi opérées par les services de la DCPE et de sécurité. Plusieurs raisons sont avancées par les responsables concernés pour expliquer ces perturbations ayant créé un déséquilibre sur le marché de détail. Les mêmes responsables pointent du doigt la spéculation, le stockage abusif des produits par certains ménages et commerçants de « Zlabia », « chamia », « kalb louz » qui consomment d'importantes quantités d'huile et de semoule pendant toute la durée de ce mois sacré de ramadhan. Certains consommateurs livrés à eux-mêmes dans la bataille quotidienne ont sillonné plusieurs villes, pour se procurer certains produits essentiels.

Les agents des prix et de lutte contre les fraudes de la DCPE et les services de sécurité ne peuvent à eux-seuls faire face à cette situation de pénurie qui règne sur un marché gangréné notamment par le poids de l'informel. Il faut rappeler que la crise sanitaire de Covid-19 des deux dernières années a pesé lourdement sur la consommation des ménages pendant les mois de Ramadhan. A la fermeture des restaurants et cafeterias, et les mesures de confinement et de distanciation s'ajoute un comportement prudent des consommateurs qui ont opté pour l'isolement, la limitation des déplacements et la recherche de produits emballés stockables et sains, afin d'éviter la propagation du virus.

Mais, cette année, la situation sanitaire est beaucoup meilleure que les années précédentes. Le charme d'antan du mois de jeûne sera au rendez-vous, avec l'ambiance des senteurs des plats, friandises, visites interfamiliales et des terrasses et commerces qui fermeront tard pendant toutes les soirées de Ramadhan. Pour les familles donc, c'est un grand soulagement de se replonger dans les anciennes coutumes de ce mois sacré, même si cette année, ce mois de Ramadhan sera très difficile pour les ménages, en raison de la hausse des prix de certains produits alimentaires de base, y compris de la pomme de terre, un aliment indispensable dans la préparation des repas du Ramadhan dans les foyers algériens. A noter que près de 69 sites de « marchés de la Rahma » ont été proposés par les chefs de daïra et présidents d'APC de la wilaya, pour ce mois de Ramadhan. Actuellement seuls ceux de la CAREX, Boudghène et Maghnia ont ouvert leur porte.