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Equipe nationale: Belmadi fait le bilan de la CAN

par M. Benboua

A un mois de la double confrontation face au Cameroun, les 25 et 29 mars, comptant pour les barrages de la Coupe du monde 2022 au Qatar, le sélectionneur national, Djamel Belmadi, muet depuis la déroute de la CAN-2021 en janvier dernier, a animé dimanche une conférence de presse au Centre technique national (CTN) de Sidi Moussa, au cours de laquelle il a passé en revue la participation algérienne à la CAN, tout en évoquant les défis qu'attendent les Verts dans un avenir proche. On s'attendait certes à une foire aux questions, mais le sélectionneur a bien pris le temps d'analyser et d'expliquer les raisons de l'échec lors de la CAN, n'hésitant pas à décrire de «chaotique» la préparation des camarades de Youcef Belaïli.

Une préparation chaotique

«Évidemment que pour évaluer une compétition, que ça soit un succès ou un échec, il faut prendre le temps pour réfléchir, analyser et observer pour mettre le doigt sur un diagnostic. Mais je dois le dire tout de suite : la préparation a été chaotique. Je parle de mon équipe et non pas des autres sélections. Un échec est une addition d'éléments défavorables. Il y a eu une faillite collective dont je suis le premier responsable», a indiqué Belmadi. «Une date de rassemblement de départ était prévue le 27 décembre. Au final, j'ai eu mon effectif sur lequel je peux compter que le 3 janvier. On l'a su 2 ou 3 jours avant, alors que le plan de préparation était mis en place trois mois à l'avance. Ça chamboule toute la préparation. Il y a un manque de considération envers ce continent. Ensuite, il faut savoir que la Gambie n'a pas annulé le match amical sans scrupule, on va être honnête, car nous aussi nous étions en difficulté pour former une équipe. Par contre, le match du Ghana se passe bien : on gagne, on n'encaisse pas. Même s'il y avait des choses à corriger», expliquera le sélectionneur, qui a révélé que «seuls cinq joueurs n'ont pas eu le Covid-19, et avec les conséquences que ça a découlé sur le collectif, il était impossible de rassembler l'ensemble du groupe, avec les contraintes sanitaires mondiales. C'était vraiment difficile à gérer. On faisait des tests tous les matins. On avait peur chaque matin pour savoir qui ne serait pas disponible», a-t-il dit. Avant d'ajouter : «Des joueurs n'avaient pas de force pour courir. Ils arrivent à un niveau physique très diminué. Ce sont des données athlétiques et ça se voyait à l'entraînement», dira Belmadi, avant d'aborder les trois premiers matches de la CAN : «Les statistiques techniques étaient en notre faveur. Ce sont des statistiques d'une équipe qui met 2 buts. Ça me dépasse. Si on avait gagné, on aurait dit que c'était de bons matchs. Les occasions ne rentrent pas, notamment face à la Sierra Leone et la Guinée équatoriale. On n'était pas assez tueurs, pas assez chirurgicaux. On sort frustrés, fâchés, fatigués. Tout n'a pas été parfait. J'ai un goût amer de cette CAN, les joueurs ont un sentiment d'humiliation. Il faut faire fort pour ne pas aller en 8èmes de finale. Ça reste en moi. Al-Hamdulilah, on va très vite se replonger sur l'objectif principal. Chaque jour on y pense, ils y pensent».

Un peu trop de certitude

Le sélectionneur n'a pas manqué l'occasion d'évoquer les conséquences de la Coupe arabe, remportée par l'Algérie en décembre dernier, avouant qu'»une partie du groupe, peut-être l'ensemble du groupe, a joué la Coupe arabe. Il n'y avait pas un manque d'humilité. C'était une forme d'autosatisfaction, un peu trop de certitude. Ce n'est pas juste l'aspect physique, car pour deux compétitions qui s'enchaînent, émotionnellement, ils étaient vidés. Il faut ré-avoir faim. Il faut une grosse force mentale. Si tu n'as pas ça, c'est problématique. Mais s'ils ne la jouaient pas, ils avaient un manque de temps de jeu», a-t-il dit. Et d'ajouter concernant le départ des joueurs du Cameroun à la fin du match face à la Côte d'Ivoire : «Le laisser-aller, il y en aura jamais tant que je suis là. Dès que je termine une compétition, dès que le match est fini, le retour en club, j'estime que ce n'est plus mon travail. Les joueurs savaient qu'il y avait un avion qui rentrait à Paris. Ils ont des championnats à jouer. Ce n'est plus mon travail. Je contrôle mon groupe pour mes matchs», a-t-il expliqué.

Ne pas se tirer les uns sur les autres

Pour ce qui est du limogeage du manager de l'EN, Amine Labdi, le sélectionneur n'est pas rentré dans les détails estimant que «le plus important est de ne pas se tirer les uns sur les autres. Amine Labdi a fait des bonnes et de moins bonnes choses. On commet tous des erreurs, moi le premier. Quand le président me dit que Labdi a été limogé, et qu'on a décidé de faire appel à M. Zefzaf, j'ai pu ressentir chez lui un gros professionnalisme et de l'expérience».

Objectif, la Coupe du monde

«Aujourd'hui, je n'ai pas de temps à perdre pour parler d'autre chose que de l'EN. Ce n'est pas avec les mêmes ingrédients et juste avec l'envie qu'on va aller en Coupe du monde. Le Cameroun a aussi envie d'y aller. La seule manière qui me permet de vivre normalement, c'est qu'on a tout de suite tourné la page de la CAN. Tant mieux pour nous. Ça a commencé dès le lendemain de notre élimination. Maintenant, nous sommes à deux matches d'un bel exploit et on mettra tout en œuvre pour jouer ce Mondial. Pour ce qui est du match aller, normalement, le Cameroun joue à Yaoundé. Exceptionnellement, ils nous font jouer à Japoma. On est traumatisés par la pelouse, pas le stade, ni la ville. On ne se déplace pas pour faire du tourisme. Pas besoin d'être dans les stades. Il y a des logiciels avec lesquels on voit peut-être mieux que dans les stades. On a vu leurs 13 derniers matchs», dira le conférencier. Et d'enchaîner sur une question par rapport au stade de Blida : «Tchaker ? Je suis allé voir hier. Il est nickel. Félicitations à ceux qui bossent dessus». Pour le stage, «on est à un mois de la compétition. Il y a souvent des choses erronées qui sont dites. Il faut une forme de discrétion. On est tous concernés par ça», dira-t-il.

Les deux matchs les plus importants de ma carrière

Djamel Belmadi a estimé que les deux prochaines rencontres face au Cameroun sont «les plus importantes» dans la carrière d'un entraîneur et même de certains joueurs. «L'urgence maintenant, c'est à la double confrontation avec le Cameroun. Personnellement, ses deux rencontres seront les plus importantes dans ma carrière, pour ne pas dire de ma vie et dans la carrière de chaque joueur. C'est un rêve de jeunesse. En tant qu'international, je n'ai pas eu la chance de jouer une Coupe du monde, et je rêve d'y assister en ma qualité d'entraîneur», a indiqué Belmadi. Et d'ajouter: «Depuis le mois de septembre 2019, ce qui m'anime c'est la Coupe du monde, et il est important pour nous tous d'y être présents», expliquant que le même souhait est «partagé par les joueurs dont beaucoup disposent d'une dernière chance d'y prendre part», mais, pour atteindre cela, a-t-il averti, «il va falloir faire un très gros match, voir un match exceptionnel, face à une équipe camerounaise vaillante». «On doit le faire aussi pour notre peuple qui mérite amplement qu'on lui offre une autre participation à cette fête mondiale. On a un peuple très sage et pas amnésique. Certes, il a été déçu de la prestation de l'équipe en CAN-2021, et il en a le droit, mais il a toujours démontré sa gratitude à ce groupe et il n'a jamais oublié que ce groupe lui a offert de la joie», a conclu le sélectionneur.

Le cas Bounedjah et Delort

Interrogé sur le cas des deux attaquants, Baghdad Bounedjah et Andy Delort, Djamel Belmadi n'a pas mâché ses mots: «Bounedjah c'est un joueur qui marquait beaucoup de buts, aujourd'hui, il est dans le dur. On fait le nécessaire. On a des attentes aussi, on a besoin de buts. Il va falloir trouver des solutions, on va faire en sorte de les trouver. Pour ce qui est des dernières déclarations de Delort, j'ai envie juste de dire que ce n'est pas Rothen le sélectionneur de l'EN. J'ai entendu ce qui a été dit. Pour moi c'était clos, vous en parlez. Que ça soit clair, il y a des gens qui sont à la recherche de buzz. Je n'ai rien de personnel avec Andy Delort. C'est quelqu'un que j'apprécie. Ceux qui disent que c'est personnel ne sont pas honnêtes. L'EN d'Algérie ne m'appartient pas, mais j'en suis garant pour l'instant. Ne surenréchissez pas le truc. Il nous a dit qu'il voulait se concentrer pendant un an sur son club. Je défends les valeurs de mon pays. Je ne me reconnais pas dans ce discours. On peut commettre des erreurs, mais pas dans ce domaine-là. Ceci dit, rester sur le banc de touche avec son club ne le dérange pas pourtant. C'est grave de donner autant d'attention. Il a pris une décision, on en a pris acte, on avance. Ça aurait été la même chose si c'était Riyad Mahrez. Je sais que ce n'est pas mon EN. On a des martyrs dans le football. On a utilisé le football pour une cause d'une révolution. On a hérité de cela».

Pour rappel, l'équipe nationale de football affrontera son homologue camerounaise, le vendredi 25 mars au stade Japoma à Douala (18h00, locales et algériennes), dans le cadre du match aller des barrages qualificatifs à la Coupe du monde 2022 au Qatar. La seconde manche se jouera, quant à elle, quatre jours plus tard, le mardi 29 mars au stade Chahid Mustapha-Tchaker de Blida (20h30). Le vainqueur de la double confrontation se qualifiera pour le Mondial. Avant le match aller, les joueurs du sélectionneur national Djamel Belmadi effectueront un stage bloqué à partir du 21 mars à Malabo en Guinée équatoriale, avant de rallier la capitale économique du Cameroun.