Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Equipe nationale: La douche Froide

par Adjal Lahouari

Il faudra fouiller dans les archives pour retrouver une défaite de l'EN d'une telle ampleur. Une défaite, qui fait mal, car elle a scellé le sort des Verts qui quittent la CAN dès la première phase qu'elle était censée dominer de la tête et des épaules. Comment expliquer une telle contre-performance face à un adversaire, certes de meilleur niveau que celui de la Sierra Leone et la Guinée-Bissau, mais qui n'a rien d'une « terreur » avec tout le respect qu'on doit à ces Ivoiriens appliqués, plus lucides et plus efficaces. Lors des deux précédentes rencontres de l'équipe nationale, tout le monde a déploré l'absence d'efficacité de l'attaque, avec zéro but pour 34 tirs. Cette fois, le seul but inscrit a été l'œuvre d'un joueur qui avait le rôle de sentinelle. Même le grand Mahrez a raté un pénalty en tirant sur le poteau. Malchance ? Oui, il y a une part de manque de réussite, mais il n'empêche que les observateurs pointent du doigt l'attitude des Algériens à la lisière de la surface lors de l'exécution de penalty. « Dans ces cas là, disent-ils, il est indispensable de conserver une attitude dynamique pour éventuellement reprendre le ballon et marquer. » C'est un fait parmi d'autres car, objectivement, les Fennecs n'ont pas été à la hauteur. C'est d'ailleurs l'avis de Belmadi lui-même qui, au terme des premiers matches de groupe, a réfuté le terme « méconnaissable » utilisé par les médias, estimant que seule l'efficacité a fait défaut à ses protégés. Cet aveu signifie que ses poulains sont passés à côté de leur match, surtout les défenseurs, chaque fois pris de vitesse par leurs adversaires ivoiriens. Sur le premier but, c'est Mandi qui a « cassé » la ligne du hors-jeu. Or, si l'on souligne que deux buts de la Côte d'Ivoire ont été annulés pour hors-jeu, on mesure l'importance du travail que le staff technique doit accomplir pour utiliser à bon escient cette loi, surtout lorsqu'il y a un bon arbitre comme c'état leur cas, jeudi soir. La bonne volonté de nos représentants n'a pas suffi, car il y a eu trop déchets dans le jeu et un manque flagrant d'enchaînements, excepté la séquence durant quatre minutes (17' à 20') durant laquelle les Ivoiriens ont quelque peu souffert. En joueurs expérimentés et bien préparés pour ce choc, les Seri, Aurier et Gradel ont laissé cet orage éphémère, en contrôlant la rencontre à partir d'une défense sûre et qui a soigné la relance, contrairement aux défenseurs algériens adeptes trop souvent des longues balles. Une seule a failli réussir, celle qui a été mal amortie par Belaïli.

On a toujours dit que les batailles du milieu décident du sort des matches. Or, comment ce milieu pourrait-il peser sur ces rencontres s'il est privé de ballons par ses propres coéquipiers de la défense ? Les Verts ont failli dans d'autres domaines, ceux des balles arrêtées. Sur les corners, le gardien ivoirien Sangaré, pourtant de taille moyenne, s'est régalé en captant tous les ballons. Pourquoi ? Parce que ces corners ont été dirigés vers la surface de but, zone privilégiée de gardien. Il fallait donc les diriger plus en retrait. Sur les coups francs non plus, il n'y a pas d'objectifs bien déterminés là où la communication entre les joueurs est indispensable. Belmadi a avoué dans la conférence « être sous le choc », une conséquence brutale des deux dernières défaites, où ses poulains n'ont jamais trouvé la bonne formule pour inquiéter des Ivoiriens qui, eux, ont su exploiter au maximum les « largesses » de la défense algérienne. Ceci revient à dire que « l'esprit guerrier » qui a caractérisé les Fennecs ne suffit plus pour gagner des matches. Le jeu collectif, répétons-le encore une fois, est l'un des meilleurs moyens pour déranger l'adversaire avec, bien sûr, un système de jeu adéquat en adéquation avec les vertus de nos footballeurs. A présent, il faudra préparer le match barrage qui donne droit à la coupe du Monde au Qatar. On a entendu que le Ghana est l'adversaire idéal pour les Algériens.

Il faudra attendre le tirage au sort ce samedi pour connaître celui que les Verts doivent impérativement battre pour retourner dans un pays où ils sont très appréciés et où ils ont connu beaucoup de joies.

Ceci dit, cette sortie prématurée va permettre au sélectionneur d'avoir trois semaines de plus pour se préparer du mieux possible, en analysant ce qui n'a pas fonctionné au Cameroun et de rectifier le tir. En dépit de son esprit conservateur, il est possible que certains capés risquent d'être écartés au profit de nouveaux joueurs plus frais physiquement, sans que cela ne soit un chamboulement de l'effectif.