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Rapport de la Banque mondiale: Un expert financier relève des «contradictions»

par R. N.

Pour l'expert économique et financier, Mohamed Boukhari, qui était hier l'invité de la radio nationale Chaîne 1, la «performance économique de l'Algérie en 2021», au bout de deux années marquées par une grave pandémie, «a été bonne». «Pour moi, le montant des réserves de change de l'Algérie est un indice important de la santé de l'économie du pays. Depuis 2012, les réserves de change qui atteignaient à l'époque 201 milliards de dollars, avec un prix moyen du baril du pétrole de l'ordre de 68 dollars, perdaient annuellement environ 20 milliards. Mais depuis 2020, nous constatons qu'il y a une stabilité des réserves de change, 44 milliards de dollars, malgré un prix moyen de 48 dollars le baril. On parle même d'une hausse de ces réserves d'ici la fin de 2021. Chose qui n'est jamais arrivée depuis 15 ans», a déclaré l'invité de la Chaine 1. «Les réformes économiques en cours sont sur la bonne voie. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes arrivés à nos objectifs», a-t-il ajouté. Interrogé sur le dernier rapport de la Banque mondiale consacré à l'Algérie, l'intervenant estime d'abord qu'il y a «une grande différence» entre les résumés en langue arabe et française du rapport. Commentant le document de la BM, l'intervenant note une «démarche erronée». «Le rapport dit : Au premier semestre 2021, le PIB et le PIB hors hydrocarbures demeuraient ainsi 3,1% et 3,9 % inférieurs à leur niveau antérieur à la pandémie, respectivement. Mais de quelle période «antérieure» parle-t-on ?», s'interroge Mohamed Boukhari. «De quelle année s'agit-il ? Est-ce 2020 ou 2019 ? En 2019, l'Algérie est passée par une période très particulière», ajoute l'intervenant.

«En vérifiant, on se rend compte qu'ils ont pris en considération l'année 2020. Les chiffres présentés sont, selon le rapport, ceux de l'Office national des statistiques (ONS). En comparant avec les chiffres de l'ONS, en matière de PIB au premier trimestre 2020 et 2021, on trouve l'inverse. C'est-à-dire une hausse de 2%», ajoute l'intervenant. Selon l'expert, le rapport de la BM s'est exprimé sur des aspects «inacceptables». «Par exemple, le document évoque la situation de la pauvreté en Algérie en prenant en compte la période 2013-2019, alors qu'il est plus utile de donner celle de 2020-2021. C'est la période qui nous concerne en ce moment, particulièrement depuis le lancement de programmes de lutte contre les «zones d'ombre»», explique encore l'intervenant. Invité à commenter le chiffre donné par le rapport de la Banque mondiale concernant les importations de l'Algérie qui «atteindraient les 50 milliards de dollars» d'ici fin 2021, l'intervenant affirme souhaiter que ce chiffre soit atteint «par l'importation d'intrants à la production». «Récemment, le classement mondial annuel «Doing Business» a été arrêté par la BM. Dans ce classement sur l'environnement des affaires, l'Algérie est toujours classée parmi les derniers pays, alors que d'autres sont tout le temps dans le haut du classement. Il s'est avéré, après enquête, qu'il y a eu des irrégularités et qu'il y a eu corruption pour que certains pays soient dans le haut du classement», ajoute Mohamed Boukhari.