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Guelma: Un 11 décembre 1960...

par Mohammed Menani

Le 11 décembre 1960, nous étions encore dans la nuit coloniale, sous la pesante pression du colonialisme français qui traçait ses territoires de Dunkerque à Tamanrasset, déniant le droit d'existence de tout un peuple, tentant à le déraciner de sa culture, de sa langue, de sa religion et de ses coutumes ancestrales.

Il y a 61 ans, le peuple oppressé s'était dressé dans un défi à se positionner au cœur de son combat et dans l'aura universelle, pour remettre les axiomes de l'histoire à leur juste valeur. La journée du 11 décembre qui est célébrée à Guelma dans la commune d'Aïn Larbi est hautement symbolique et reste une page de l'histoire dans le long combat mené par le peuple algérien contre l'entreprise criminelle coloniale. Elle ravive la mémoire sur les légendaires images de cette marée humaine qui s'était insurgée par ses seules forces de mobilisation et de discipline, derrière son élite combattante, rugissant à la face du monde sa foi dans la patrie et la volonté de se libérer de l'oppression séculaire, brutale et criminelle d'un colonialisme spoliateur de tous ses droits, qui voulait extirper jusqu'à sa mémoire pour lui dénier toute identité.

En élevant la voix à l'unisson le 11 décembre 1960, le peuple algérien avait provoqué une gigantesque nébuleuse qui allait traverser les monts et les océans, parvenant à faire vibrer le palais de verre de Manhattan, imposant au concert des nations «d'écouter» la juste cause de la Nation algérienne. Dans les strates de l'Histoire, nous relevons que neuf jours après, soit le vingt décembre 1960, l'ONU décida d'instruire la question algérienne en tant qu'acte de décolonisation d'un peuple épris de liberté et d'émancipation dans la paix, au grand dam de la délégation française qui essuya un cinglant revers diplomatique. Le 11 décembre 1960, la voix du peuple à l'aura subliminale avait glacé le sang dans les veines de tout le collège des thuriféraires de l'ordre colonial, les derviches hurleurs de l'assimilation qui vont se convertir plus tard en recruteurs des récipiendaires aux garnisons de la cinquième colonne et les contingents des cellules dormantes, volant aussi au secours de leurs amis revanchards sionistes qui gèrent mal leur «syndrome d'El Adabia» depuis Suez 1973. Cet usurpateur criminel ne se doute pas qu'il oriente sa meute d'éternels égarés dans ce combat.

Dans sa longue résistance, le peuple avait fini par arracher son indépendance et récupérer sa souveraineté. Hier c'était le même peuple qui avait construit dans le sang le mur de sauvegarde de la nation contre l'obscurantisme et le terrorisme aveugle. Aujourd'hui, c'est toujours le même peuple qui remet de l'ordre dans ses tiroirs à travers la réhabilitation de ses représentants dans les organes de contrôle populaire et la gestion des affaires publiques, pour exprimer toute la mesure de sa souveraineté inaliénable. C'est aussi le même peuple qui a décidé de renvoyer tout son personnel politique pour résultats non probants tout en le soumettant à l'audit général. Une grande partie des gangs mafieux qui ont mis en coupe réglée la destruction de notre pays pour le vendre à la criée, sont graduellement neutralisés pour répondre de tous leurs méfaits.

La grande lessive continuera sous les yeux du peuple et n'en déplaise aux irréductibles fossoyeurs de l'espérance des grands peuples qui veulent avancer. N'en déplaise aux renégats, mercenaires et autres faux dévots qui gravitent dans le giron des laboratoires de l'internationale sioniste, ainsi que les apprentis sorciers et les valets du néocolonialisme, qui grenouillent dans le bocal parlementaire des extrémistes occidentaux et aux mauvais perdants, revanchards nostalgiques frappés de cécité devant les évidences des réalités historiques. En commémorant une date aussi prestigieuse qui symbolise le grand retentissement de la voix du peuple, l'on ne va pas se suffire des rituelles cérémonies de recueillement et de reconnaissance à nos braves aînés, pour que la mémoire se ravive. Ceci reste un devoir de mémoire pour que nul n'oublie.