Dans des haltes sur notre quotidien, il nous arrive d'être emportés par des comparaisons. Les unes d'une simplicité mordante et a priori avec un contenu judicieux, d'autres empreintes d'une prétention manifeste quand il s'agit de nous positionner au niveau des nations qui ont une sérieuse avance sur nous. On a souvent pour habitude de nous regarder dans le miroir suisse ou celui de la Scandinavie pour pester contre le retard pris dans notre marche vers le progrès et le développement en n'accordant qu'une vue étriquée sur les itinéraires pris par d'autres peuples dont la proximité géographique, climatique et même certains aspects culturels crèvent les yeux.

Nous ne nous sommes que très peu interrogés sur l'avancée fulgurante dans de multiples domaines de notre voisine l'Espagne hier encore méprisée et toisée de haut et qui en quelques courtes années dame le pion à ceux qui se croyaient les plus avancés. Il est inutile de trop s'attarder sur ses prouesses technologiques qui l'ont élevée aujourd'hui au rang de puissance européenne avérée. A ne s'en tenir qu'à sa mainmise sur le domaine agricole continental, il est permis de se demander quelle est cette providence qui l'a rendue terre nourricière de toute l'Europe.

L'Espagne est un pays dont les caractéristiques climatiques et géologiques sont totalement identiques à celles de l'Algérie, mais la comparaison élémentaire dans le domaine agricole entre les deux pays laisse pantois. Même pluviométrie, même nature des sols, sécheresses épisodiques connues communément. De plus l'Espagne a elle aussi connu une histoire perturbée avec ses drames et ses millions de morts et n'était hier encore qu'un réservoir de mains-d'œuvre où les riches Etats pouvaient puiser. Cependant, la non-similitude de leurs situations agricoles pose d'évidence une lourde question. Elle mérite d'être posée quand le besoin des simples comparaisons aborde l'esprit. En abordant le questionnement en profondeur et dans le détail, les Algériens trouveront matière pour donner à l'agriculture la place qu'elle mérite. Même s'il faut s'éloigner de la maxime qui veut que comparaison n'est pas raison.