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Solution en demi-teinte ?

par Abdelkrim Zerzouri

Quel impact aura la décision d'annulation des poursuites judiciaires engagées contre les jeunes bénéficiaires de crédits de l'Agence Nationale d'Appui et de Développement de l'Entreprenariat (ANADE, ex-ANSEJ), qui se trouvent en difficulté financière, soit dans l'incapacité de rembourser les dettes contractées auprès des banques lors du lancement de leurs projets ? L'annulation accompagnée également par une autre mesure, consistant en « un traitement avec une approche purement économique, selon un échéancier de remboursement de la dette », peuvent à la limite constituer une bouée de sauvetage pour certains, dont les projets n'ont pas totalement périclité, pouvant de ce fait bénéficier d'un répit et relancer leurs activités d'une manière sereine, à l'abri du harcèlement des huissiers de justice. Mais, pour d'autres, ceux qui se trouvent en situation de faillite notamment, ces dernières mesures ne peuvent avoir aucun effet bénéfique ni pour les jeunes concernés ni pour les banques.

Ces dernières vont encore perdre du temps dans leurs démarches visant à récupérer leurs créances par la voie judiciaire, alors que les premiers sont tout bonnement hors champ d'influence de ces mesures. Une solution en demi-teinte en faveur de ces jeunes ? Un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics que ce dossier des jeunes bénéficiaires de crédits Ansej, qui ont rencontré des difficultés et n'ont pas pu réussir dans leurs projets sur le terrain, se trouvant au bout du parcours dans l'incapacité d'honorer leurs dettes. Alors que certains ont détourné l'argent servant à l'acquisition de matériels de production, avec la complicité des fournisseurs, pour le dépenser très loin des engagements des concernés. Dans quel dessein annuler les poursuites judiciaires engagées dans des affaires où les concernés ne disposent plus d'aucun outil de production? Cela nécessite, donc, une approche différente, à étudier au cas par cas, si on veut sérieusement régler ce dossier. Quant à l'approche globale, il n'en y a qu'une seule, celle qui consiste à effacer les dettes des jeunes de l'Ansej. La solution en question, revendiquée ces dernières années par la plupart d'entre eux, a été rejetée d'une manière catégorique par les autorités, qui ont privilégié d'autres pistes en faveur des concernés, visant la relance des projets qui butent sur les difficultés financières. Effacement d'une partie des dettes contractées par ces jeunes auprès des banques, touchant les agios (intérêts de la dette+pénalités de retard), rééchelonnement des dettes, lancement de procédures de recouvrement judiciaire des créances, divers formules ont été, ainsi, adoptées pour mettre fin à cette embarrassante affaire, sans aller vraiment au fond du problème. Les raisons de l'échec d'un contingent de jeunes bénéficiaires des avantages des formules Ansej et Cnac sont partagées entre les deux parties, car ces deux directions publiques portent également la lourde responsabilité d'avoir donné leur accord pour débloquer l'argent sans avoir bien étudié la faisabilité des projets présentés et sans s'assurer, souvent, que les outils de production financés soient effectivement acquis et installés dans les locaux. Aussi, faut-il se l'avouer, les deux formules ont été outrageusement utilisées hors de leur vocation principale, soit hors du cadre purement économique, en les exploitants politiquement pour acheter la paix sociale durant une période où le pays vivait une belle aisance financière. Comment espérer, alors, aboutir à une quelconque performance économique ?