Quel impact
aura la décision d'annulation des poursuites judiciaires engagées contre les
jeunes bénéficiaires de crédits de l'Agence Nationale d'Appui et de
Développement de l'Entreprenariat (ANADE, ex-ANSEJ), qui se trouvent en
difficulté financière, soit dans l'incapacité de rembourser les dettes
contractées auprès des banques lors du lancement de leurs projets ?
L'annulation accompagnée également par une autre mesure, consistant en « un
traitement avec une approche purement économique, selon un échéancier de
remboursement de la dette », peuvent à la limite constituer une bouée de
sauvetage pour certains, dont les projets n'ont pas totalement périclité,
pouvant de ce fait bénéficier d'un répit et relancer leurs activités d'une
manière sereine, à l'abri du harcèlement des huissiers de justice. Mais, pour
d'autres, ceux qui se trouvent en situation de faillite notamment, ces
dernières mesures ne peuvent avoir aucun effet bénéfique ni pour les jeunes
concernés ni pour les banques.
Ces
dernières vont encore perdre du temps dans leurs démarches visant à récupérer
leurs créances par la voie judiciaire, alors que les premiers sont tout
bonnement hors champ d'influence de ces mesures. Une solution en demi-teinte en
faveur de ces jeunes ? Un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics que ce
dossier des jeunes bénéficiaires de crédits Ansej,
qui ont rencontré des difficultés et n'ont pas pu réussir dans leurs projets
sur le terrain, se trouvant au bout du parcours dans l'incapacité d'honorer
leurs dettes. Alors que certains ont détourné l'argent servant à l'acquisition
de matériels de production, avec la complicité des fournisseurs, pour le
dépenser très loin des engagements des concernés. Dans quel dessein annuler les
poursuites judiciaires engagées dans des affaires où les concernés ne disposent
plus d'aucun outil de production? Cela nécessite,
donc, une approche différente, à étudier au cas par cas, si on veut
sérieusement régler ce dossier. Quant à l'approche globale, il n'en y a qu'une
seule, celle qui consiste à effacer les dettes des jeunes de l'Ansej. La solution en question, revendiquée ces dernières
années par la plupart d'entre eux, a été rejetée d'une manière catégorique par
les autorités, qui ont privilégié d'autres pistes en faveur des concernés,
visant la relance des projets qui butent sur les difficultés financières.
Effacement d'une partie des dettes contractées par ces jeunes auprès des
banques, touchant les agios (intérêts de la dette+pénalités
de retard), rééchelonnement des dettes, lancement de procédures de recouvrement
judiciaire des créances, divers formules ont été, ainsi, adoptées pour mettre
fin à cette embarrassante affaire, sans aller vraiment au fond du problème. Les
raisons de l'échec d'un contingent de jeunes bénéficiaires des avantages des
formules Ansej et Cnac sont
partagées entre les deux parties, car ces deux directions publiques portent
également la lourde responsabilité d'avoir donné leur accord pour débloquer
l'argent sans avoir bien étudié la faisabilité des projets présentés et sans
s'assurer, souvent, que les outils de production financés soient effectivement
acquis et installés dans les locaux. Aussi, faut-il se l'avouer, les deux
formules ont été outrageusement utilisées hors de leur vocation principale,
soit hors du cadre purement économique, en les exploitants politiquement pour
acheter la paix sociale durant une période où le pays vivait une belle aisance
financière. Comment espérer, alors, aboutir à une quelconque performance
économique ?