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Le Maroc, Israël et des annonces avec clairons

par Abdou BENABBOU

Le ministre israélien de la Défense sera aujourd'hui à Rabat. Il n'y va ni pour une randonnée touristique ni pour un échange d'amabilités avec une monarchie qui s'est définitivement livrée corps et âme à l'Etat sioniste. Une telle incursion n'est pas anodine et quand un ministre israélien de la Défense se rend au Maroc, ce n'est évidemment pas pour cueillir des choux et des carottes. Marocains et Israéliens d'ailleurs ne se sont pas cachés pour annoncer avec clairons que la venue du sieur galonné Benny Gantz a pour motif principal le paraphage d'une série d'accords de défense militaire pour qu'Israël s'installe avec hommes, armes et bagages au Maghreb. Il est question d'une panoplie d'aides et de conseils allant de la fourniture d'armements sophistiqués à l'implication directe de sociétés israéliennes dans la prospection et le forage pétrolier dans le Sahara occupé. Une telle volonté est d'autant plus affirmée qu'elle bénéficie de la bénédiction de Washington et de Paris qui paraissent bien décidés à piétiner toutes les résolutions de l'Organisation des Nations unies.

La montée des provocations contre l'Algérie est un indice très révélateur d'une stratégie planifiée de longue date et tout indique qu'elle irait en s'amplifiant.

Ainsi l'enterrement du grand Maghreb souhaité et espéré par les peuples de la région ne pouvait être mieux confirmé comme le sont les réelles intentions manifestes de Tel-Aviv de reconfigurer l'ensemble de la région du sud de la Méditerranée. Comme à son habitude inscrite dans ses gènes, la monarchie marocaine se prête à un jeu dangereux susceptible de bouleverser l'ensemble du continent africain. L'essentiel pour le roi Mohamed VI est de se prémunir de la montée de la bourrasque sociale qui prend de plus en plus de l'ampleur et qui visiblement menace son trône.

Dans son élan belliqueux, il ne se rend pas compte que ce sont tous les peuples maghrébins qui seront victimes de son insouciance et de la légèreté de sa position. Mais il est certain qu'il n'en a cure.