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ANALYSE - Laborieux !

par Adjal Lahouari

A la mi-temps, la situation des deux équipes n'avait pas changé dans la mesure où chacune d'elles a inscrit un but. Mais, objectivement, les Verts ont été mal récompensés de leurs efforts, ayant eu plusieurs belles occasions de faire le break. Avec quatre attaquants, Belmadi avait opté carrément pour l'offensive mais, en revanche, il n'a pas donné le feu vert à ses latéraux pour monter dans leurs couloirs. Cette configuration a obligé Bennacer et Zerrouki à fournir de gros efforts pour combler ce « vide » au milieu. En outre, Mahrez et Slimani ont souvent permuté pour troubler les défenseurs burkinabés. Ce système a fonctionné sauf que les hommes de Malo ont repris confiance et égalisé à cause, essentiellement, d'un mauvais alignement de Mandi qui a « cassé » le hors-jeu. Tout était donc à refaire en seconde période. Jamais sans doute un match n'a suscité autant de questions par l'unique faute de l'entraîneur et des dirigeants burkinabés, qui ont utilisé tout l'arsenal des ruses pour inverser la logique en faveur de leurs adversaires algériens, premiers de leur groupe avec la meilleure attaque, la plus solide défense, le meilleur buteur (Slimani) et une série d'invincibilité record. En sport, il est normal d'utiliser des arguments liés au niveau, à la forme et à la volonté, mais non pas d'avoir recours à des subterfuges, mensonges et autres leurres d'un autre temps. C'est à cet exercice que se sont livrés les Burkinabés, ce qui prouve leurs faiblesses et leur déloyauté. Aussi, les Verts et leur staff avaient à cœur de démontrer leur supériorité et d'en finir avec cette irritante confrontation. Il faut avouer nos craintes de voir nos représentants « sortir » de leur match à cause du contexte créé par les Burkinabés. On s'est rendu compte que la préparation psychologique appliquée par Djamel Belmadi n'a pas été vaine, puisque ses poulains ne sont pas tombés dans le piège de la provocation, étant essentiellement concentrés sur un travail à terminer au plus vite. Ce n'est qu'à la veille du match que Belmadi a répondu à Malo, en citant par cœur la composition burkinabée ainsi que la tactique appliquée. Il est certain que le coach allait opter pour une organisation de base défensive, redoutant les artilleurs comme Belaïli, Mahrez et Slimani alors qu'au coup d'envoi, son équipe était hors course. Aussi, les attaquants algériens ont eu droit dès le coup d'envoi du match à un marquage serré, un traitement qui n'a surpris personne. L'agressivité des visiteurs avait pour objectif de préserver leurs bois et de spéculer sur des contres. C'est ainsi que s'explique cette entame laborieuse et crispante des Verts, contraints de souffrir pour prendre à défaut le « mur » dressé par leurs rivaux. Franchement, ce but d'égalisation a fait désordre chez le Fennecs qui méritaient beaucoup au vu des occasions qu'ils ses sont créées. Dans ce genre de duels, la patience est un atout majeur. Et la preuve a été démontrée une fois de plus. En dépit du verrou appliqué à la lettre, les Burkinabés ont fini par encaisser un second but. Certes, tout le monde admet que les surprises existent en football, mais il y a aussi une logique lorsque le meilleur ne se décourage pas. Les exemples n'ont pas manqué en cours de ces éliminatoires où les équipes défensives ont baissé pied, le plus souvent en fin de rencontre à cause de leur débauche d'efforts. C'est ce qui est arrivé dans ce duel où les Algériens ont confirmé leur flexibilité tactique récemment soulignée au terme du match Djibouti-Algérie. A présent, on peut dire que notre EN est arrivée en pleine maturité comme l'atteste son adaptabilité aux diverses situations, comme celles qu'ils ont connues hier face à un rival accrocheur et nullement prêt à se laisser manœuvrer. En seconde période, les Verts ont baissé pied en effectuant des choix inadéquats, surtout ces longs ballons récupérés par les visiteurs qui, eux, ont opté pour la manière la plus rationnelle, avec des passes courtes et moyennes. Et il est heureux que le coaching effectué par Belmadi s'est avéré payant puisque Feghouli, entré à la place de l'excellent Belaïli, a redonné l'avantage à l'EN. Mais, à force de multiplier les fautes, les Algériens ont concédé un penalty à dix minutes de la fin, c'est-à-dire à un moment inadéquat en raison des difficultés éprouvées et qui furent obligés de se replier et de défendre le nul qualificatif aux barrages. Ils ne pouvaient faire autrement, car mis sous forte pression par le forcing burkinabé. Finalement, on retiendra, et à défaut d'une grosse prestation espérée, l'état d'esprit des Verts qui se sont accrochés à ce score salvateur. Leur joie, disons-le franchement, n'avait d'égale que leur crainte de laisser filer une qualification amplement méritée sur l'ensemble de leur parcours.