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L'invasion des barbares

par Abdou BENABBOU

Le phénomène migratoire est, semble-t-il, le problème essentiel pour l'Europe et les pays occidentaux. Oublieux et sans ironie, l'Ouest fait une énorme impasse sur les étapes historiques indélébiles qui ont façonné l'évolution des hommes et du monde. Oublieux car on ne fait plus cas des bouleversements toujours dans la douleur qu'ont connus des continents entiers par les conquêtes entreprises par les anciennes puissances occidentales dénaturant de grandes cultures et rasant des empires par le feu et par le fer. La grande histoire des conquistadors ce par quoi les Etats-Unis d'Amérique sont nés et d'autres nombreuses mues ne peuvent être effacées des mémoires pour témoigner l'implacable évolution du monde toujours marquée par les flux migratoires.

L'hypocrisie actuelle des Etats et le non-sens qu'elle étale par le scellé de leurs frontières et l'érection de leurs murs est une frilosité inadéquate avec une loi indécrottable humaine qui veut que l'on peut sédentariser l'espèce humaine toujours encline à se déplacer. Puis n'est-il pas sombrer dans l'illogisme que de développer le summum de l'allergie contre l'intrusion chez soi des étrangers quand ses propres industries sont délocalisées dans des pays dont les ressortissants ne sont pas les bienvenus et souvent haïs ?

L'invasion des barbares a toujours eu une consonance équivoque pour se demander qui a réellement le profil de la barbarie. On a régulièrement constaté que des puissances ont eu la fatidique inconséquence de provoquer des incendies au nom d'une démocratie indéfinie pour ensuite crier au feu et exiger des peuples désintégrés d'éteindre les braises qu'ils ont laissées. Plus proches, plus près les traces des drames sont plus que jamais visibles. L'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, la Libye et d'autres encore n'ont jamais demandé d'être les acteurs dans une scène mondiale où se joue le tiraillement des intérêts terre à terre des grandes puissances au grand malheur des populations innocentes.

Le solde à payer aujourd'hui est là et quelles que soient les mesures prises, le flux migratoire continuera et s'amplifiera.