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Au-delà des conséquences de la crise sanitaire: «Dumping» et «pratiques discriminatoires» dans le secteur des assurances

par M. Aziza

Le secteur des assurances en Algérie a enregistré un déclin d'un peu moins que 6 % durant l'année 2020, en raison de la pandémie de la Covid-19.

Le marché a tenté de se relever durant cette année 2021, mais les résultats sont selon le PDG d'Alliance Assurances, Hassan Khelifati, en deçà de leur niveau d'avant-crise. Il relativise, cependant, en affirmant qu'aujourd'hui, le secteur a retrouvé une certaine stabilité, mais «on ne sait pas comment les choses vont évoluer, mais je pense qu'on va boucler cette année avec une certaine stabilité, mais sans progression», dit-il.

Au-delà des conséquences de la crise sanitaire, M.khellefati a dénoncé le «dumping» dans le secteur des assurances «des pratiques anticoncurrentielles» qui fragilisent davantage le secteur. Ainsi que des pratiques discriminatoires envers le secteur privé. Et de préciser que cette discrimination n'existe pas dans les textes et les déclarations officielles, mais dans la réalité et dans la pratiques le monopole est là. Et d'affirmer que «nous essayons dans le secteur de mettre un terme au dumping, à la guerre des prix, mais aussi à la fuite en avant qui est pratiquée par certains acteurs».

Répondant aux questions des journalistes, en marge d'une rencontre sur «la politique de la concurrence et la lutte contre le monopole» organisée par le CNESE au niveau de l'Ecole supérieur d'hôtellerie et de restauration d'Alger, le PDG d'Alliance Assurances assure qu'une bataille quotidienne est menée pour mettre fin à des pratiques qui entravent l'épanouissement du secteur. Et ce, en essayant de « stabiliser » le marché, sachant que le marché algérien des assurances fait aujourd'hui moins d'un milliard de dollars, alors que notre marché doit faire 5 à 6 milliards de dollars. Le PDG d'alliance assurance explique qu'on n'arrive pas à atteindre cet objectif en raison des pratiques anti-concurrentielles et par le fait que certains acteurs transgressent souvent les fondamentaux.

Il a dans ce sens cité le dernier communiqué de l'Union Algérienne des Sociétés d'Assurance et de Réassurance (UAR) qui a parlé « des pratiques de réductions illimitées dans la branche automobile qui engendrent des déséquilibres techniques et financiers et réduisent la capacité des sociétés d'assurance à honorer les engagements pris envers leurs assurés, notamment en terme de durée de traitement et de niveaux de remboursements des dossiers sinistres». Ceci dit, affirme M.khlifati «le dumping a des conséquences néfastes sur la solvabilité de certaines compagnies d'assurances».

Il a tenu à préciser que les autorités publiques ont procédé, dernièrement, à la réforme du secteur des assurances par la révision de l'ordonnance 95-07 relative aux assurances. Et de signaler que le nouveau texte est en fin parcours, au niveau de l'APN et va passer incessamment. Le nouveau texte prévoit l'introduction de réformes majeures, selon notre interlocuteur, entre autres, rendre l'agence nationale de régulation du secteur des assurances indépendante du ministère des finances.

En soulignant qu'il s'agit la «d'une grande avancée» parce que, la régulation est aujourd'hui entre les mains du ministre des finances alors que lui-même est un acteur. Il a évoqué une autre nouveauté dans ledit texte, la fin des pratiques de vente à crédit qui aujourd'hui ont laissé des dizaines et des dizaines de milliards de dinars de créances impayées et où tout le monde est perdant, l'Etat , le trésor et les entreprises.