Paradoxe ! C'est le moins que l'on puisse dire sur la
situation de l'unique lycée «Morsli Abdallah «de
Sidi-Akkacha dans la daïra de Ténès. L'établissement
a ouvert ses portes en 1995. Déjà en 2015 la sonnette d'alarme a été tirée par
les élèves et enseignants de cet établissement scolaire qui revendiquaient les
uns de meilleures conditions de travail et les autres de scolarisation. A
l'époque les toits de nombreuses classes fuitaient et à la moindre pluie les
élèves se retrouvaient pataugeant dans l'eau. Les salles de classes étaient
aussi dépourvues de chauffage. Face à cette situation, les autorités de la
wilaya ont réagi en accordant une enveloppe financière pour mener à terme les
travaux d'étanchéité. Mais cela s'est avéré insuffisant pour réhabiliter ce
lycée. Après avoir vainement attendu qu'une opération d'envergure soit menée
pour relooker cet établissement, des lycéens observent un mouvement de
protestation : ils refusent carrément de rejoindre les salles de classe depuis
dimanche dernier. Lors de notre visite à ce lycée qui a coïncidait avec celle du
wali nous nous sommes rendus compte de l'état de délabrement des nombreuses
salles de cours et de laboratoire. Saisissant l'occasion de la visite du wali à
leur lycée, des élèves notamment ceux de la terminale ont tenu à exprimer leur
frustration et leur colère quant aux conditions de scolarisation. Une lycéenne
fera observer qu'à la suite du nouvel emploi du temps conçu pour parer à la
propagation du Covid-19, où les mesures prévoient un découpage pédagogique des
groupes en sous-groupes de 20 à 24 apprenants, les salles existantes n'arrivent
pas à contenir l'ensemble des élèves d'où la décision prise par la direction du
lycée de recourir à des hangars désaffectés qui étaient réservés auparavant
soit au parc roulant ou à l'entreposage de matériel ou aux dortoirs. «On nous
oblige à étudier à l'intérieur de bâtiments insalubres qui ne répondent à
aucune norme ni de sécurité ni de condition de travail, ce que nous refusons
catégoriquement». Un autre lycéen dira : «comment voulez-vous étudier dans de
telles conditions alors que tout peut s'écrouler à tout moment». Les lycéens,
notamment ceux de la terminale, semblent décidés et refusent d'étudier dans ces
«lieux insalubres».
Le wali a écouté longuement les doléances des lycéens
et après avoir visité l'ensemble du bâtiment a déclaré : «nous allons prendre
des mesures qui s'imposent dans les 48 h à venir quitte à recourir aux salles
de classe du CFPA de Sidi-Akkacha, pour peu que les
enseignants et les élèves approuvent cette initiative ; c'est un engagement
personnel et je veillerai à ce que les élèves étudient dans de bonnes
conditions dans des salles chauffées». Le wali a déploré «le manque de
confiance entre les élèves et les responsables» et a appelé les lycéens de ne
pas se «décourager». Pour rappel, la commune de Sidi-Akkacha,
dont la population avoisine les 23.000 habitants, dispose de ce seul lycée qui
accueille environ 1930 élèves répartis à travers 27 classes. L'association des
parents d'élèves et les habitants de cette commune ont de tout temps réclamé la
construction d'un nouveau lycée puisque celui «d'Abdallah Morsli»
n'arrive plus à contenir un si grand nombre d'élèves et du fait de son état.