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Pouvoir d'achat divisé par deux en 10 ans

par El-Houari Dilmi

L'effroyable dégradation du pouvoir d'achat des Algériens, divisé par deux en moins d'une décennie, est certainement la première menace sur la paix sociale dans le pays. Plaçant le gouvernement sur la corde raide, la vraie question est celle de savoir comment « contrôler » l'effet délétère de la crise sociale, et son impact sur la stabilité du pays. Et même si le gouvernement de Benabderrahmane a décidé de prendre les devants en procédant au relèvement du point indiciaire dans la fonction publique et la baisse de l'IRG, pour permettre une augmentation des salaires et une amélioration du pouvoir d'achat des citoyens, la bataille pour un pouvoir d'achat décent est loin d'être gagnée.

D'abord à cause du glissement du dinar dû à une productivité faible, les effets collatéraux de la crise sanitaire, mais aussi et surtout le résultat de pratiques spéculatives criminelles. Les pouvoirs publics ont décidé de criminaliser toutes les formes de monopole et les atteintes au pouvoir d'achat des citoyens, pour circonscrire la flambée des prix des produits de base. La moyenne des prix de biens de consommation et des services a plus que doublé en une décennie (entre 2010 et 2021) tandis que les salaires sont restés figés. Alors qu'en sera-t-il de ces nouvelles décisions, inspirées par le président Tebboune et prises sous le sceau de l'urgence ? Les spécialistes se montrent sceptiques. La révision structurelle de l'IRG, même si elle bénéficiera aux bas salaires, sur le plan des budgets familiaux, cette mesure n'aura qu'un impact relatif, et ne pourrait donc pas combler la baisse vertigineuse du pouvoir d'achat des Algériens, selon ces experts. Selon ces derniers, une famille algérienne, de 5 personnes, a besoin de 70.000 DA pour vivre sans dettes, alors que le Salaire national minimum garanti (SNMG) stagne depuis plusieurs années. Le PIB par habitant en Algérie tourne autour de 4.000 dollars, parmi les plus faibles de la région MENA (Moyen-Orient-Afrique du Nord).

Une autre question se pose dans les milieux syndicaux, celle de savoir si une vie décente se résume à seulement manger, se soigner et payer ses factures ou inclure les loisirs ou autres occupations comme les épargnes.

Au rythme où vont les choses, la classe moyenne risque de disparaître pour finir sous le seuil de pauvreté.