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Défis et espoir

par Abdelkrim Zerzouri

A quelque deux mois de la tenue des élections générales fixées au 24 décembre 2021, l'espoir immense de voir la Libye retrouver sa stabilité se mêle à une méfiance angoissante d'un ascendant des «trouble-fêtes» sur le cours des évènements. Cette crainte est exprimée, en premier lieu, par le gouvernement libyen qui ne manque pas l'occasion ces derniers temps de rejeter haut et fort toutes sortes d'ingérences étrangères dans les affaires intérieures du pays. Ainsi que par ses deux voisins immédiats, l'Algérie et la Tunisie, deux pays qui passent eux-mêmes par un contexte de tentatives d'immixtion dans leurs affaires intérieures et qui ne ratent également aucune opportunité pour réitérer leur appel à préserver la souveraineté et l'unité territoriale de la Libye et à la non-ingérence dans ses affaires internes. Et, ce n'est certainement pas anodin que ces trois pays du Maghreb soient exposés à ces coups venant de l'extérieur avec le soutien-alibi évident de parties internes.

Confrontés à une même menace, les trois pays œuvrent de concert pour se mettre à l'abri des ingérences étrangères. La situation en Libye reste bien sûr, et de loin, la plus préoccupante à cause de la fragilité de ses institutions et de son tissu social disloqué par une décennie de conflits sanglants. Aussi, si on peut discerner avec plus ou moins de précisions quelles sont les parties derrière les tentatives d'ingérence dans les affaires internes de l'Algérie et la Tunisie, pour le cas de la Libye, on serait forcé de pousser le raisonnement au bout de la limite pour lever en partie le voile sur ceux qui cherchent encore à influer sur le cours de son histoire. Parallèlement au rejet des ingérences dans les affaires intérieures du pays, le gouvernement libyen a salué, jeudi dernier, à la fin de la Conférence de stabilisation de la Libye, le rôle central des Nations unies ainsi que les efforts de l'Union africaine, de l'Union européenne, de la Ligue arabe et des pays voisins pour soutenir la stabilité en Libye. Ce qui pousse plus encore à délimiter le cercle des parties interventionnistes en Libye.

En tout cas, même si les parties qui tentent de s'ingérer dans les affaires intérieures de la Libye, de l'Algérie ou de la Tunisie ne sont jamais citées nommément, on sait qui veut quoi dans ces trois pays. Reste seulement à déterminer les capacités de nuisance de ces parties. Et les contrer avec efficacité en appoint à ces mises en garde lancées à gauche et à droite. Le soutien des pays amis de la Libye est nécessaire dans cette entreprise pour faire face à ce défi, mais la solution reste entièrement entre les mains des Libyens qui sont si proches de plier ce douloureux épisode de leur histoire, en respectant surtout et tout simplement les résultats du vote du 24 décembre prochain. Le front interne est le plus sûr rempart contre les ingérences étrangères.