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Quand l'Histoire se met en marche

par El-Houari Dilmi

Après le communiqué conciliant du Quai d'Orsay, parlant de «respect total de la souveraineté de l'Algérie», l'Elysée a franchi un autre pas vers la réconciliation des mémoires en reconnaissant les massacres du 17 octobre 1961 comme des «crimes inexcusables».

Peut-être plus courageux que son prédécesseur, François Hollande, Macron s'est même rendu sur les berges de la Seine lors d'une cérémonie à la forte charge symbolique.

«La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies», a déclaré le locataire du palais de l'Elysée, dans une sorte de rétropédalage après sa malencontreuse sortie sur la «rente mémorielle reprochée au pouvoir politico-militaire algérien».

Inflexible sur le dossier de la mémoire, le Président Tebboune a manifestement engrangé un gros bonus dans la reconfiguration du rapport à l'ex-puissance coloniale et poussé la France officielle, dans ses derniers retranchements, en se déchargeant sur le peuple, seul et unique dépositaire du patrimoine mémoriel algérien. Attaqué dans son propre camp, le président français est pressé de reconnaître tous les odieux forfaits commis par la France coloniale, en Algérie, l'une des conditions non négociables pour un «retour à la normale» dans les relations plus que tourmentées entre Alger et Paris. Mais le lourd, très lourd contentieux mémoriel mis de côté, beaucoup d'écueils continuent à se dresser sur le chemin de la reconstruction de relations apaisées entre les deux pays, fortement marquées par une histoire commune. Parce qu'il est dit que les retours de manivelle de l'Histoire sont terribles !