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Pandémie, école privée et école publique

par Abdou BENABBOU

Sans doute à cause de la pandémie, la rentrée scolaire s'opère au ralenti non sans provoquer une irritation généralisée chez les parents d'élèves, incommodés par la formule de la double vacation que les écoles publiques ont adoptée. La plupart se plaignent d'un emploi du temps scolaire trop aéré que les jours fériés en nombre diarrhéique rendent encore plus léger.

Pour parer aux méfaits de l'épidémie, il était logique que les gestionnaires de l'éducation écolière se conforment à des règles de prudence pour que la scolarité des enfants se fasse dans des conditions acceptables et il était évident que la protection du personnel éducatif constituait une priorité des attentions étant entendu que le corona ne ciblait que les personnes adultes. Cette priorisation étale cependant une distorsion dans une logique qui veut que les personnes les plus vulnérables face au virus sont celles auxquelles il est exigé une présence régulière permanente. Si le mouvement des enfants est régulé par vacations perçues aléatoires par les parents, pour leur part les enseignants sont tenus d'être présents.

Mais l'anomalie est encore plus flagrante entre les écoles publiques et privées. Dans les unes et les autres, le rythme de la scolarité des écoliers n'a pas la même cadence. Dans le secteur privé, les élèves suivent des cours quotidiens réguliers et le système de la vacation est un lointain inconnu.

Les carences actuelles du système éducatif avec ses lois du nombre et de la comptabilité politicienne incitent de plus en plus nombreux parents à faire le sacrifice de leurs frais financiers élémentaires pour que leurs enfants puissent suivre des cours supplémentaires payants.

Ce déséquilibre éducatif est en passe de produire un enseignement à deux vitesses pénalisant les familles ne disposant pas de ressources suffisantes pour inscrire leurs enfants dans des établissements privés. L'inégalité ainsi installée prépare les enfants des nantis à être mieux armés face aux examens de fin d'année et par prolongement face aux défis de leurs vies futures. L'égalité des chances pour les générations en croissance est bousculée et, pervertie, elle risque de constituer un terreau pour une profonde injustice sociale par le fossé aujourd'hui creusé entre le riche et le pauvre.