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Tiaret: Les assemblées élues n'ont pas la cote

par El-Houari Dilmi

«La ville de Tiaret, supposée être la vitrine de la wilaya, se dégrade à vue d'œil et les tares d'une gestion chaotique ne sont plus à dénombrer», commente de but en blanc, Mohamed, exploitant un commerce de pièces détachées au centre-ville.

«Il n'y qu'à voir l'état lamentable des routes pour avoir une idée bien arrêtée sur le bilan de l'APC sortante», renchérit Kamel, un fonctionnaire à la retraite. A quelques semaines seulement du jour «J», le Tiarétien lambda prend la chose par-dessus la jambe et garde la tête ailleurs. A part quelques rares candidats déclarés qui sillonnent la ville en quête de parrainage, rien n'indique que la ville s'apprête à élire son futur maire, dans une wilaya qui compte pourtant plus d'un demi-million d'électeurs. Presque un non-évènement. Blasés par une dégradation continue du cadre de vie, avec les quartiers, rues et ruelles abandonnés aux détritus en tous genres, les trottoirs refaits presque une fois par an mais toujours dégradés, les façades des immeubles délabrées, les Tiarétiens, à l'instar de leurs concitoyens de tout le pays, s'interrogent sur «l'utilité» d'un maire dans une wilaya où plus d'une soixantaine d'élus ont été traînés devant les tribunaux durant la mandature qui s'achève.

«Les candidats, tous partis confondus, n'ont pas grand-chose à proposer. Ils son à court de sujets convaincants pour chasser les voix ; ici comme ailleurs, les échéances électorales se suivent et se ressemblent», commente Benaïssa, les yeux rivés sur son téléphone portable dans un café de centre-ville. Paralysées par les tiraillements internes, les sempiternelles luttes de clan, les assemblées élues n'ont pas la côte auprès du citoyen électeur. Et si au sein des états-majors locaux des partis politiques, la lutte en dessous-de-table fait rage pour un strapontin sur une liste d'une Apc/Apw, chez le simple citoyen, la tête est ailleurs, comme il ne croyait pas au «verdict de l'urne» ni en des lendemains meilleurs. La preuve que le changement ne viendra pas par le bas, pourquoi 60 ans après le recouvrement du soleil de le liberté «s'acharne-t-on à construire une belle maison sur les fondations bâclées ?», s'interroge, un rien philosophe, Kada, un «jeune» retraité de 52 ans. En effet, si les candidats à la candidature ne sont pas nombreux, pour le «peuple des votants», les jeux et enjeux son ailleurs. Beaucoup de citoyens sont d'avis que la chose politique rebute le citoyen, puisque depuis des années qu'ils élisent leurs représentants au niveau des assemblées élues, leur quotidien ne s'est pas amélioré, loin s'en faut. Dans les chaumières, places publiques et autres salons de thé, on traite la chose politique par-dessus la jambe. «Et puis à quoi ça sert de voter quand on prend les mêmes et on recommence ?», commente blasé Lakhdar, qui s'inquiète pour l'avenir de sa ville en perte de ses repères. Dans le café en face de la station-service du populeux quartier de «Erass soug», les jeunes désœuvrés constituent l'essentiel de la clientèle. Bachir, chauffeur de taxi clandestin, accomplir son devoir électoral, il ne sait pas ce que c'est. «Voter ou pas, je constate bien que rien ne change autour de moi», tranche-t-il.