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Regards biaisés

par Abdelkrim Zerzouri

A l'issue d'entretiens par visioconférence avec les autorités algériennes, qui se sont étalées sur la période allant du 13 septembre au 3 octobre 2021, la mission du Fonds monétaire internationale (FMI), dirigée par Mme Geneviève Verdier, Cheffe de Division au département Moyen-Orient et Asie centrale du fonds, a livré son diagnostic sur l'économie algérienne. Un diagnostic partagé entre les bons et les mauvais points d'une économie prise dans le tourbillon de la crise sanitaire, qui lui a laissé des choix minces pour engager une restructuration profonde. Les bons plus que les mauvais points ou le contraire ? C'est selon l'angle de vue. Quand certains axent leur lecture sur les mauvais points, on ne décèle que le côté sombre de l'avis de cette institution financière internationale, dont le « recadrage » préconisé de l'économie algérienne, durement frappée par la pandémie mondiale de la Covid-19, et plus de flexibilité au dinar. Un constat irrationnel ? On ne sait pas encore s'il y a un quelconque pays qui n'a pas été durement frappé par cette pandémie « mondiale » et comment adopter un système de change avec un dinar qui ne pèse pas grand-chose devant la monnaie forte !? La mission relève que la persistance de déficits budgétaires élevés à moyen terme engendrerait des besoins de financement sans précédent, épuiserait les réserves de change, et présenterait des risques pour l'inflation, la stabilité financière et le bilan de la Banque centrale, chose qui entraverait la capacité des banques à prêter au reste de l'économie, avec des conséquences négatives pour la croissance ».

Selon le communiqué du FMI, le financement monétaire devrait être interdit afin d'endiguer l'augmentation de l'inflation et l'épuisement rapide des réserves de change, tout en diversifiant les sources de financement budgétaire y compris le recours à l'emprunt extérieur. Pourtant, les autorités algériennes ont exprimé à maintes reprises leur refus catégorique de recourir à tout emprunt extérieur. D'autres lectures, par contre, laissent voir que les experts du FMI ont établi un rapport des plus satisfaisants à l'issue de leur mission. On ne parle que de résilience de l'économie algérienne malgré le choc de la crise sanitaire, de préservation des emplois, de bonne réaction de la Banque d'Algérie à travers des mesures appropriées pour améliorer la liquidité financière au niveau des banques, de ratios aux normes internationales, et tout juste de recommandations aux autorités pour diversifier les ressources de financement et de les réorienter vers le secteur privé afin de financer l'investissement et de soutenir la croissance. Coïncidant au mot avec la politique économique en cours d'exécution. L'économie algérienne, qui souffre effectivement de plusieurs maux, hérités de politiques rentières, peut-elle encore souffrir de l'inquisition Fmiste ? Le FMI s'est arrogé le droit de regard sur les économies de tous les pays, certes, mais bienheureux ceux qui ne lui doivent pas un sou. Car, dans ce cas, on n'y va pas mollement avec des recommandations ou des constats mais avec des ordres à appliquer sans mot dire.