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UNE ORGANISATION MONDIALE VIRTUELLE

par Abdou BENABBOU

Cahin-caha, la gardienne de la paix du monde rassemble depuis lundi chefs d'Etat et représentants de ses pays membres. La pandémie a infléchi ses parures pour que la masse des interventions en vidéoconférence des participants lui garde l'inconsistance habituelle dont elle n'arrive toujours pas à se détacher. Le défilé des discours se ressembleront toujours et maintiendront le formalisme des griefs et des recommandations pour démontrer que le virtuel de la défunte Société des Nations et l'actuelle organisation onusienne est persistant. La nouvelle, à l'image de son prédécesseur n'arrive toujours pas à faire honneur à ses percepts, bloquée à répétition par les intérêts des puissants.

Nullement dupes, les pays petits ou dits émergents y vont pour faire bonne figure, les plus dégourdis s'adossent sur les opportunités qu'offrent les couloirs et les petits salons pour monnayer, faute de mieux, leur utilité et leurs raisons.

Des gangrènes mondiales, on en parlera évidemment. Certains avec fougue, d'autres avec prudence et avec allusions. Des peuples dont les territoires sont toujours spoliés s'abreuvent d'injustice et de discrimination. D'autres se nourrissent de maux et de tares démultipliés quand ils ne s'assassinent pas mutuellement pour étaler ce que l'espèce humaine a de vil et de désopilant.

Le tiers de la population mondiale meurt de faim. L'errance de millions de femmes et d'enfants perdus, ventres creux, têtes et pieds nus n'autorise que la compassion des verbes et la feinte désolation. Mieux, ils deviennent atouts politiques propices au monnayage et sujets à caution. Le désespoir, la famine et même la mort des autres sont des guirlandes à marchander.

Une fois va devenir coutume pour que les supposés grands de ce monde ne cachent plus leurs tiraillements sur le commerce planétaire de l'armement, devenu finalement un des seuls centres d'intérêt. On ne parle plus que de zones d'influence et de champs accaparés à assurer.

Censée unir et départager, l'ONU s'est vue inverser son rôle pour désunir et partager et le monde entier feint souvent de ne pas savoir pourquoi.