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Cherté des articles scolaires: Les ménages à faibles revenus mis à rude épreuve

par R.N.

Cartables décorés de célèbres personnages de fiction cartoon, stylos, crayons, trousses, blouses de design divers : les fournitures scolaires sont disponibles en nombre et en qualité, mais à des prix jugés "élevés" par les parents appelés à dépenser plus cette année notamment avec la hausse des prix de certains produits de large consommation.

A Bab el Oued et Place des martyres, quartiers populaires où des jeunes s'improvisent en vendeurs d'articles scolaires en pareille occasion, étalent un large panel d'effets scolaires de différentes marques, couleurs, formes et modèles.

Si le choix et les goûts y sont, il n'en est pas de même pour les prix qui varient selon la qualité, a constaté l'APS lors d'une virée dans certains marchés et librairies de la capitale.

Accompagnés de leurs parents, des enfants sillonnent les allées du marché de "Place des martyrs", un endroit réputé pour ses prix "abordables" comparativement à d'autres espaces de la capitale, spécialisés dans la vente d'articles scolaires.

Pour sa première rentrée en classe, prévue mardi, Amina, 5 ans, semble toute contente de choisir son cartable rose, aux couleurs et motifs de sa poupée préférée "Barbie".

"J'ai consacré un budget de 6.000 dinars pour les fournitures de ma fille qui va rejoindre les bons de l'école pour la première fois. Je trouve que les prix sont un peu élevés par rapport à l'année dernière", dit sa maman, Lila. "Rien que pour le cartable et la blouse, j'ai dépensé 2.800 DA. Les autres articles comme les livres, cahiers et leurs protèges, stylos, ardoise, nécessitent un budget de pas moins de 3.000 DA, selon la qualité", a-t-elle détaillé.

Pas loin, à Bab El Oued où les fournitures scolaires sont exposées à même le trottoir, les parents font des allers-retours en quête d'articles à "petits prix". Ahmed, père de cinq enfants scolarisés, se limite à acheter les cahiers dont les prix sont jugés "abordables", variant entre 20 et 120 dinars, selon le format.

Un peu plus loin, à la rue Laarbi Ben M'hidi, au centre d'Alger, un vendeur spécialisé dans les manuels et fournitures scolaires, affirme que le budget moyen des articles pour un écolier du primaire s'élève à 4.500 dinars, le cartable compris. "Les parents aux moyens revenus, notamment ceux ayant en charge plus d'un enfant scolarisé, ne sont pas en mesure d'assurer les dépenses liées à la scolarisation", souligne ce vendeur.

Une hausse vertigineuse, selon l'Apoce

Le président de l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, admet que cette rentrée s'annonce "difficile" pour les parents d'élèves en raison de la cherté des articles scolaires.

"Les prix des fournitures scolaires ont enregistré une hausse vertigineuse cette année, à l'instar de tous les produits importés", a fait constater M. Zebdi dans une déclaration à l'APS.

A l'origine de cette recrudescence des prix, il a évoqué le coût du transport maritime qui a "explosé" avec la conjoncture sanitaire liée à la Covid-19, les pratiques spéculatives de certains commerçants et la dévaluation du dinar. Par ailleurs, le président de l'Apoce a mis en évidence la quasi-dépendance de l'Algérie des marchés extérieurs en matière d'articles scolaires, avec le déclin de l'industrie locale dans ce domaine vers les années 90.

Interrogé sur la commercialisation d'articles scolaires comportant des produits toxiques ou cancérigènes, M. Zebdi a cité notamment des pâtes à modeler, des gommes colorées, des crayons et stylos parfumés qui ne répondent pas aux normes de santé et de sécurité.

"Ce sont des produits bas de gamme, qu'on retrouve surtout sur le marché parallèle à des prix relativement bas par rapport aux produits de marque", a-t-il dit, assurant que son association a toujours revendiqué un contrôle systématique des articles destinés aux enfants et écoliers avant leur introduction sur le marché. Abondant dans le même sens, le président de l'Association nationale de parents d'élèves (ANPE), Khaled Ahmed, a sollicité carrément l'intervention des pouvoirs publics sur le marché. "L'Etat doit absolument agir afin de garantir aux consommateurs des produits de qualité conformes aux normes et à des prix abordables", a insisté M. Ahmed, en faisant constater que les prix se sont accrus "de plus de 30 %" par rapport à l'année précédente.

A cet effet, il propose à la tutelle de coordonner dorénavant ses efforts avec les communes et les daïras pour la vente des trousseaux scolaires au sein même des écoles primaires, collèges et lycées au même titre que les manuels scolaires.

De son coté, le président de l'association El Aman pour la protection des consommateurs, Hacène Menouar, a appelé les enseignants à ne pas demander aux élèves de ramener que les articles scolaires indispensables et de ne pas exiger l'utilisation d'articles neufs. "Cela entre dans le cadre de l'éduction des enfants et leur sensibilisation quant au gaspillage, tout en développant la notion de recyclage dans leur esprit", a souligné M. Menouar dans une déclaration à l'APS.

Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait donné, lors du Conseil des ministres qu'il avait présidé le 12 septembre dernier, des instructions afin de trouver des solutions immédiates à la souffrance des élèves due au poids du cartable.