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«Ketane labiadh»

par Hamid Dahmani

Une de nos expressions populaires nous fait jurer sur le linceul blanc qui couvrira un jour notre corps de mortel.

Partout dans le monde, la mort est sacrée et tous les êtres humains la respectent comme ultime voyage vers l'au-delà. Aussi, dans ces moments funèbres, les gens, pour démontrer leur profonde douleur et leurs sentiments en cette période de crise sanitaire, jurent par tous les saints et évoquent cette formule qui nous rappelle la mort. «Mouhal nensa,illa dja ketane labiadh aala âini». Les cris déchirants de la douleur des parents de malades dans les hôpitaux en ces moments de pic, sont là pour nous le rappeler. Des moments pénibles dans ces salles débordantes de patients et de gardes malades qui attendent un miracle de dernière minute pour voir enfin l'oxygène arriver et sauver de la mort certaine, les malades entre la vie et la mort.

Hélas, ce ne sera pas le cas pour tout le monde. Pourra-t-on un jour dire, «maintenant c'est fini, c'est du passé, il faut tourner la page» ?

Comment oublier ces femmes et ces hommes lançant des cris de douleur en cette nuit caniculaire et rageant parce qu'elles ont perdu un être cher. « Mouhal nen'sa », ces tombes ouvertes dans les cimetières qui attendent l'arrivée de corps enveloppés dans des linceuls blancs. Comment oublier ce petit enfant pleurant sa mère devant la porte de l'hôpital. Un enfant sanglotant de douleur pour sa mère qui était alitée dans un hôpital. Jamais au grand jamais je n'oublierai ces appels et ces voix brisées lancés par des cœurs meurtris et qui raisonnent toujours dans les oreilles. Je n'oublierai jamais aussi cette bousculade autour d'un camion venu ravitailler l'hôpital en oxygène. Impossible de dire qu'on pourra vite oublier ces drames qui vont nous marquer éternellement. Impossible d'oublier ces jours difficiles, jusqu'a la fin de nos jours, et lorsqu'on mettra le tissu blanc sur nos yeux.