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Les néo-«repentis»

par Belkacem Ahcene Djaballah

On se souvient (certains bien plus que d'autres car ayant souffert, dans leur chair et dans la chair de leur chair, de méfaits et d'actes souvent criminels) de «repentis» des années 90, lesquels après avoir terrorisé les populations des villes et des campagnes, sont devenus des citoyens «au-dessus de tout soupçon», parfois bien riches en l'argent des razzias, des chantages et des rançons, se posant en innocents puis osant même, par la suite, se transformer en donneurs de leçons de civisme et de bonne citoyenneté.

C'est là un phénomène social qui ne date pas d'hier, mais bel et bien d'avant-hier. Déjà, lors des années 60, à partir de mars 62, bien des collabos et autres « harkis» ont réussi, dans la foulée de l'euphorie de l'indépendance, à se reconvertir devenant, bien souvent, des notabilités influentes, exhibant même des attestations d'anciens combattants pour l'indépendance du pays.

Bien sûr, ce qui est fait ne peut être défait sans risques de gros dégâts, surtout si la loi est là pour encadrer la repentance ou les regrets? la religion et les «amitiés et/ou alliances particulières» facilitant les pardons, les oublis et les «effacements». Tant mieux pour les «malins» qu'ils sont ou ont été et tant pis pour les «naïfs» que nous fûmes et que nous sommes encore.

On a, depuis peu, à partir des années 2020, une autre faune, laquelle ayant très bien profité (bien souvent en toute «légalité») des largesses du pouvoir de l'époque, celui du bouteflikisme flamboyant en particulier, reviennent ou tentent de revenir sur la scène publique, tirant dans tous les coins - par des écrits, par des discours, par des «conseils» en gouvernance ou par des «largesses» - pour se poser en victimes d'un système -rentier et mafieux- qu'ils ont eux-mêmes bien (ou mal) servi? tout en (bien) se servant.

Il ne s'agit là nullement de les empêcher d'agir, de travailler et/ou de s'exprimer, la liberté de communiquer, bien qu'encore mal définie et/ou mal comprise chez nous, étant et/ou devant être un credo appliqué à la lettre. Partout ! Dans les assemblées, dans la presse, comme dans la rue (ici, avec un Hirak, mouvement populaire certes toujours « béni » mais revu, corrigé, pas radical? et , osons le terme, moins «bordélique», lié à l'expression des idées et non à une contestation idéologique anti-démocratique et a- républicaine, de celle qui a causé tant de drames et de maux durant des décennies) sans pour autant perturber l'ordre public et attenter à la liberté. Toutes les libertés des autres. Cela veut tout simplement dire que demain, plus tard, les politiques et autres hommes d'«affaires» ou assimilés, aujourd'hui jugés et condamnés pour «corruption», «détournements», «troubles à l'ordre public», etc? auront le droit, sinon le devoir (ne serait-ce que pour laisser en «héritage» à leur descendance, à défaut de fortunes et de «biens au soleil», une image moins sombre), de publier leur «version» des faits, quitte à se voir de nouveau critiqués et «descendus en flammes». L'écriture de l'Histoire, la grande comme la toute petite, c'est ça ! Et, ne pas y faire face, tout de suite et sans limite, c'est laisser libre cours à toutes les interprétations, à toutes les dérives, à toutes les incompréhensions dommageables pour la construction d'un Etat de droit et de devoirs et, hélas, à tous les « retours ». Tout est possible en notre bas monde! Ne vient-on pas de lire, ceci pour le pays frère et ami, la Libye, que Seif al Islam Kadhafi vient de refaire surface, se voyant bien futur «Président».