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Wali/PAPW : le ménage artificiel

par El Yazid Dib

L'on me voudra peut-être d''avoir trop écrit et d'écrire encore et encore sur ce personnage central dans la géographie du territoire. Le wali. Rares sont les écrits qui jettent un regard autre que l'usuel en termes d'arrivée et d'évincement, de coups de gueule et de déboires. Encore très rares sont ceux qui relatent cette complexe relation Wali/PAPW. L'un exerce un pouvoir, l'autre semble le lui rendre populaire et démocratique. En réalité, ce n'est qu'un symbole superflu d'un couple qu'unissent formellement des dispositions législatives uniquement lors de sessions de cette Assemblée. Pas plus. En dehors de celles-ci ; la relation non réglementée est soit une délicatesse façadière ou une accointance de circonstance. Sinon par quel texte le président de l'Assemblée est-il contraint de suivre au pas le wali là où va, de jouer le rôle du «second» à remettre des prix ou croiser les mains aux coups d'envoi de n'importe quoi ?

Du seul fait que le wali incarne l'autorité de l'Etat dans ses démembrements où il en est le dépositaire légal ; ce personnage crée des différences d'appréciation de son statut. D'un endroit à l'autre ; il devient une mentalité adaptable au climat mental du nouvel endroit. L'on dirait que c'est à l'ambiance locale de configurer sa méthode de travail. Certains diront que c'est du management, d'autres affirmeront que c'est de la volte-face, du travestissement fonctionnel. Car la loi n'a ni humeur ni tempérament, juste une lettre et un esprit d'un texte uniforme, à caractère national et imposable à tous. Elle est applicable sans distinction d'ambiance ou de prédominance de comportement. Elle ne distingue pas entre un wali croyable et franc et un autre copié et collé.

Le président de l'Assemblée de wilaya, élu par ses pairs, rarement à l'unanimité est censé recueillir une cohésion post-électorale en vue d'asseoir sa «présidence». Sans ça, il n'est président que de sa propre personne, de son secrétariat, de son chauffeur et de ses émoluments. Sa mission est régie par un code, qui exige plus de fraicheur, plus de flexibilité en cas d'impasse collégiale. Il n'y est pas stipulé qu'il doit être l'ombre du wali ou se complaire dans le faire-valoir. Croyez-vous qu'il «représente la population» ? C'est à peine qu'il pourrait le faire pour les élus de son propre parti. Les exemples du genre aléatoirement illustrent presque toutes les wilayas. Ils sont là, sans ancrage, juste à se coller au siège du wali avec effacement total de leur p'tit ego. Ainsi il y a des présidents d'Assemblées Présidents, il y a des présidents figurants. De simples vitrines ternes et écœurantes. Si débat y est ; il doit porter sur l'utilité de l'existence de l'APW et partant sur la levée des obstacles de tout genre qui greffent son fonctionnement normalisé. Que peut faire une Assemblée de wilaya à un wali ? Encore que peut lui faire son président ? Il y a de ces wilayas qui fonctionnent sans elle, sans ses organes et commissions. Cela prouve que la vie étatique continue malgré l'illusion de l'existence textuelle d'une Assemblée élue.

Si le wali sort pour ses chantiers, le président doit s'investir dans les commissions de son Assemblée. Légalement tout ce que dépense le wali est supposé être entériné par l'Assemblée. A charge de celle-ci d'aller en besogne contrôler ce qu'elle aurait autorisé. Sans nul besoin d'être à chaque visite de chantier le compagnon du wali, «représentant» de l'autorité délibérante. La crédibilité se perd quand l'obstination de rester au perchoir remplace l'échec organique ou le déficit d'honnêteté élective. A défaut de redonner la voix au code et réinstaller les vertus de la «démocratie interne» par voie de motion de retrait de confiance, cette assemblée sera à jamais une coquille vide. Ceci afin d'éviter tout office du pouvoir exécutif. Vivement leur dissolution !

C'est dire que cette «relation» artificielle doit être recomposée dans son ensemble. Que chacun fasse ce que la «démocratie représentative ou participative» lui octroie comme posture. De chacun un rôle défini, à chacun un devoir à accomplir. Complémentairement certes, mais distinctement. Avez-vous vu, sans nulle comparaison ; le Président de l'APN se pointer en toute occasion au cabinet d'El-Mouradia et écosser la pistache ou accompagner le Président de la République à chacune de ses sorties, de ses inaugurations? ?