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La gratuité de la raison et de la sagesse

par Abdou BENABBOU

Le paradoxe est aujourd'hui à son comble dès lors qu'une forte suspicion est développée contre la vaccination alors que l'on espérait hier encore avec une impatience sans limite une découverte d'un vaccin salvateur pour échapper à la pandémie. On en a eu plusieurs pour le sauvetage de l'humanité, mais on a gardé la gueule pantoise sinon réticente pour tendre le bras à une injection. Les luttes sourdes entre les fabricants médicaux soutenus par les antagonismes des laboratoires politiques ont semé les rumeurs des plus contradictoires transformant tantôt des lézards en dinosaures et tantôt des éléphants en agneaux. Les calculs commerciaux, ligués avec les manœuvres et les stratégies politiques ont pris en sandwich la terre entière pour que le virus se joue de tout le monde.

Devant le rebond de la phénoménale épidémie, de nombreux Etats sont coincés ne sachant plus s'il faut rendre la vaccination obligatoire en appelant à la responsabilisation de leurs populations ou retourner à la case départ en murant tout le monde. Le débat est en cours, mais nul ne peut s'aventurer à un retour au confinement total ni encore moins à redonner un nouveau coup d'arrêt à l'économie. Ce retour apparaît aujourd'hui désuet et inconcevable car on constate que les allers-retours des décisions politiques ont prouvé leur inefficacité devant la perversité d'un virus ayant l'art de jouer à cache-cache.

Le gouvernement britannique semble avoir mieux saisi les données de la catastrophe et refuse de s'engager dans un duel perdu d'avance. Il n'est pas loin d'une vérité qui ordonne que chaque être est responsable des autres tout en étant responsable de lui-même. Le prix à payer pour une vie communautaire acceptable est au niveau de cette responsabilité. La sauvegarde de tous repose sur cette incontournable bienséance car curieusement et à bien des égards la pandémie est en passe de dispenser une grande leçon de vie en communauté. Porter une bavette, respecter la distanciation humaine et se faire vacciner ne sont-ils pas aussi le respect de soi et le respect des autres ?

Mais les pays vulnérables, dont l'Algérie fait partie, faute de quantité suffisante de vaccins seront sérieusement handicapés par leur incapacité à répondre à une demande de vaccination inévitablement amplifiée car l'ensemble des populations devra se plier à l'injection vaccinale devenue incontournable. D'ores et déjà on imagine la brouille que provoqueront les ruées populaires vers les centres de santé car il n'est pas certain que les structures d'accueil soient en mesure de supporter le poids de la demande. En attendant, les Algériens devront commencer par prendre attache avec la raison et la sagesse. Elles sont gratuites.