Hormis pour le retour de l'ex-ministre et ancien vice-Premier ministre Lamamra et le départ inattendu de Zeghmati, le gouvernement est resté presque en l'état si ce ne sont que quelques retouches effectuées au sein de la nouvelle composition gouvernementale pour respecter le formalisme du changement. Il est indéniable que le président de la République a privilégié la stabilité pour que le pays ne soit pas empêtré dans des bouderies que n'auraient pas manqué d'afficher les partis politiques convaincus d'être les vainqueurs des dernières élections Il est à reconnaître que l'autorité présidentielle a fait preuve de doigté et de prudence circonstanciels pour se ménager un espace de manœuvre nécessaire pour poursuivre sans encombre la ligne qu'elle s'est tracée.

A tout le moins et du fait de la colossale abstention électorale récente, il est à reconnaître que la composante de l'Assemblée nationale ne bénéficie pas non plus d'une légitimité incontestable pour que les nouveaux élus jouent les gros bras. Ils seraient mal placés pour exiger un dû en s'appuyant sur la Constitution, elle-même configurée dans la douleur et bousculée par les aléas du temps.

Mais le pouvoir ne bénéficie cependant que d'une apparente coudée franche et contrairement à l'idée reçue, il n'a pas tous les atouts en mains. Le plus urgent reste la gestion des urgences nombreuses qu'affronte le pays et il n'est pas encore dit que les classes politiques dans leur ensemble, y compris celle dite majoritaire, sont prêtes à se passer de faire la fine bouche pour adhérer à la voie tracée par le président Tebboune.

Avec la formation du nouveau gouvernement, ce serait baigner dans l'illusion que de croire que la crise politique est renvoyée par-dessus le dos du pays. Tous les artifices prodigués jusqu'ici et les tentatives économiques et sociales menées par les autorités gouvernementales aboutissent à des résultats en demi-teinte sans pour autant atteindre et bénéficier d'une arme essentielle. Cette arme est la confiance populaire sans laquelle, quelle que soit la couleur du gouvernement choisi, rien d'opérant ne pourra se réaliser.