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Fermeture d'un poste frontalier entre la Libye et l'Algérie: Washington menace de sanctionner Haftar

par Abed Chérifi

La fermeture d'un passage frontalier entre l'Algérie et la Libye par les milices du maréchal Haftar semble avoir exacerbé Washington, qui a déclaré que cette décision est «unilatérale et ne bénéficie pas du soutien de la communauté internationale».

En effet, réagissant à la fermeture, le 20 juin dernier du passage frontalier déclaré «zone militaire fermée» par les troupes de Khalifa Haftar, en pleine opération anti-terroriste dans le sud-ouest du pays, le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, Joy Hood, a démenti les allégations selon lesquelles Washington aurait donné son feu vert pour le déplacement des troupes de Haftar en direction de la frontière algérienne.

«Nous n'avons donné ni le feu vert ni même le feu orange», a-t-il ironisé dans une déclaration à la presse.

Estimant que le gouvernement d'union nationale libyen est le seul légitime et reconnu internationalement», le responsable américain a également indiqué que les agissements des milices de Haftar «entravaient la transition politique dans le pays». «En vertu de la feuille de route du dialogue inter-libyen, seul le Conseil présidentiel est habilité à assumer le rôle de haut commandement de l'armée libyenne conformément à la législation du pays», a-t-il souligné.

Présent à la conférence de Berlin sur le retrait de toutes les forces armées étrangères de Libye, le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, Joy Hood n'a pas exclu que des sanctions soient prises contre «toux ceux qui entravent le processus de transition politique en cours et l'organisation d'élection présidentielle et législatives en décembre prochain», ajoutant que Washington «ne fermera pas l'œil sur les atteintes aux droits humains dans ce pays».

La position tranchée des Etats-Unis en faveur d'une solution politique négociée en Libye accentue la pression sur Haftar et ses hommes, considérés comme le «premier obstacle» à l'organisation d'élections libres dans le pays et la réussite du processus de transition politique en cours. Pour de nombreux observateurs, la manœuvre de Haftar vise «brouiller les cartes», et surtout à l'imposer comme un acteur important dans le processus politique en cours, notamment en ce qui concerne son éventuelle candidature à la présidentielle de décembre prochain, un scénario peu probable, voire impossible, puisque Haftar dispose de la double nationalité américaine et libyenne.

En réaction à la fermeture du passage frontalier avec l'Algérie, le Conseil présidentiel libyen, via un communiqué, avait indiqué qu'il «interdisait toute manœuvre militaire non autorisée par ses services en Libye. «Il est absolument interdit de repositionner des unités militaires, quelle que soit la nature de leur mission, ou d'opérer tout mouvement de convois militaires à quelque fin que ce soit, ou de transférer du personnel, des armes ou des munitions», selon le communiqué du Conseil présidentiel libyen.